LE BLOG, PILOTE PRIVE

Faire face

Voici un extrait d’un article la revue Piloter de novembre 2012. J’y décris, à partir d’une étude de l’US Air Force, quels sont les 5 niveaux de compétence que l’on peut trouver chez un pilote: du pilote novice au Pilote avec un grand P.

NIVEAU 5 – LE « PILOTE »

Le Pilote avec un grand P, ou bien l’expert, est un pilote qui est capable de faire face à des situations exigeantes et non conventionnelles, souvent périlleuses, pour lesquelles il n’a jamais été formé. Son expérience, son intelligence, sont des res- sources qui vont lui permettre d’aboutir à une solution inédite ou d’accomplir une tâche hors norme. L’histoire montre que ces pilotes devaient parfois réagir de manière instinctive pour préserver ce qui pouvait l’être, alors que d’autres, confrontés à d’autres problèmes, bénéficiaient d’un temps précieux qui leur permettait alors de s’adapter, de trouver une solution. Dans ces situations extrêmes où la plupart du temps c’est la machine qui est fortement dégradée (perte des com- mandes de vol, perte totale de la motorisation, etc.), on s’aperçoit que, souvent, les bases du pilotage de ces pilotes étaient très solides avec des passés de pilote de voltige, de pilote de chasse ou de pilote de planeur.

– Scénario 1 : suite à une déficience structurelle le pilote s’aperçoit qu’une aile de son avion est en train de se replier en vol sous l’effet de sa portance. Pilotant un avion de voltige, instinctivement il décide de passer sur le dos pour annuler la portance positive et remettre ainsi l’aile dans sa position normale. Il revient vers le terrain et effectue alors son tour de piste toujours sur le dos qui se finit en courte finale par un demi-tonneau et un atterrissage sur le ventre.

– Scénario 2 : l’équipage d’un Airbus A-330, suite à une grave avarie, se retrouve au-dessus de l’Atlantique en ayant perdu tous ses moteurs. Les pilotes vont réussir à rejoindre un aéro- port sur une île à proximité et poser leur avion sans encombre, toujours sans moteur.

– Scénario 3 : le pilote est en train de perdre la puissance de son moteur au-dessus d’une zone peu accueillante, avec des champs tous plus petits les uns que les autres. Rapidement, il comprend que sa vitesse d’approche le conduira dans le talus en bout de champ, même s’il parvient à toucher au seuil. En courte finale, il se met volontairement aux grands angles en ayant bien conscience du risque qu’il prend en réduisant ainsi sa vitesse, mais il a compris également qu’une grande partie de son énergie horizontale va se transformer en énergie verticale, et réduire ainsi sa distance de roulement. Il s’en sorte indemne avec ses passagers.

VOUS AUSSI !

Pour conclure, voici quelques récits démontrant que les pilotes qui sont capables de faire face à des situations très exigeantes sont aussi parfois peu expérimentés, voire très peu. Ils possèdent alors une qualité que l’on va retrouver dans le niveau 5, ils se battent jusqu’au bout, ils ne lâchent rien.

– Alain. Maintenant j’ai devant moi, à une centaine de mètres, une rangée de peupliers. Je sais intuitivement que je ne pourrais pas les passer …

La suite dans la prochaine revue Piloter 🙂

Bons vols

One Comment

  1. michel mouton

    Les dragons de vertu n’en prennent pas ombrage, s’ils avaient eu l’honneur de commander à bord, à bord du Titanic lorsqu’il a fait naufrage, ils sauraient que le pilote ce qui le fonde c’est le risque. Au lieu de nous rabattre avec un improbable leader, il faut pousser la réflexion jusqu’à son terme et voir que le maître, la maîtrise obligent à redéfinir du commandant de bord l’autorité, la décision, la communication, l’erreur et la responsabilité à l’aune de ce concept centripète : le risque.
    On peut bien définir des niveaux ou des degrés à l’épaisseur du pilote. Dès le premier jour, dès son lâcher, il est et reste le maître, c’est-à-dire totalement opposé à l’idée minérale d’une sécurité absolue, mais déterminé à l’implication totale.
    On peut avoir l’ambition positiviste utopique de supprimer le pilote, mais alors qui sera le maître ?
    La seule démarche intelligente est d’aider les maîtres à être eux-mêmes, ce pourquoi ils existent.
    Quelle révolution que de lire dans un site dédié aux facteurs humains la remise en cause du paradigme dominant et la prise en compte, enfin, d’un concept devenu tabou par excès de psychologie !

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