LE BLOG, PILOTE PRIVE

Il est libre Max quand il vole. Oui mais …

Midi trente, sortie du boulot. Direction bonne pitance…

À cheval sur sa moto, Jo remarque une voiture stationnée en pleine cambrousse au bord de la départementale. Trente mètres plus loin, une longue bande en herbe étroite borde les maïs et un parapente coloré étalé sur le sol apparaît à ses yeux. Un groupe motopropulseur est déposé juste à ses côtés !

Un homme s’affaire.

D’un naturel curieux, le motard s’arrête à sa hauteur. Il ne veut pas déranger. Juste regarder. Après tout ce para-motoriste est un compagnon du ciel. Et oui, Jo a pas mal d’heures de vol en libre. Une qualif ULM  passée il y a pas mal d’années… Ses souvenirs remontent. Les décollages avec ce bon vieux JPX, les décompresseurs manuels qui obligeaient la main à s’approcher du moteur encore chaud, un paquet de kilos, et il fallait se mettre tout ça sur le dos…

Notre voyeur en est là de ses réflexions quand il remarque que cela pétouille et pas qu’un peu.

Les gestes : approximatifs.

Le démêlage des suspentes : approximatif.

Le placement de la voile :  approximatif ! Disons-le carrément, à 90 degrés du vent dominant.

Et le vent, parlons en du vent : il se trouve masqué par un buisson ! Nous sommes donc juste, oh si peu, sous les airs de cette brise légère…

ParamoteurRien de grave cependant, mais l’instabilité estivale débute et laisse à présager de vite se développer.

Jo se risque à poser une question :

-Euh, tu voles depuis longtemps ?

-C’est mon quinzième vol je crois…   Ici, tu crois que j’ai le droit ?

-Je ne sais pas, il faudrait le demander au propriétaire ! Et toi, qu’est-ce que tu penses de l’endroit ?

-C’est pas mal, il faudra que je voie pour la prochaine fois…

-As-tu appris dans une école ?

-Oui, j’ai fait une semaine de stage. Mais maintenant que j’ai ma machine, je peux me débrouiller !

-Ok, ok, bon je te laisse te préparer !

À cet instant une bouffe d’air chaud se lève. Le thermique tire du vent arrière sur le site agricole. Jo retient son souffle. Le paramotoriste connecte les maillons du paramoteur aux élévateurs de son parapente. Il démarre l’engin avec un fond d’essence dans son réservoir. Le motard n’ose plus même réfléchir aux qualités intrinsèques de la voile de son nouveau compagnon. Tout au plus espère-t-il qu’il a bien été conseillé lors de son achat. Max attend le moment favorable ! Max part en avant et fait monter son aile. Il met les gaz mais voici qu’elle se désaxe subitement par effet girouette. L’aile est maintenant positionnée à angle droit par rapport à  la course de l’infortuné !

Il est libre Max. Il y en a même qui l’ont vu voler. Alors merci pour la chanson mais là, cela ne semble pas être pour cette fois…

Max n’a semble-t-il rien compris de sa situation. Jo lui prodigue le conseil d’arrêter. « Tu reviendras voler quand les conditions seront meilleures. De plus, je te propose de te rendre la prochaine fois sur un déco mieux exposé. Je possède l’autorisation de son propriétaire et il est en pente douce ce qui facilitera d’autant ta manœuvre. »

Max acquiesce. Jo sent bien qu’il ne l’a pas totalement convaincu…

-Au fait, que comptais-tu faire comme tour ?

-Je ne sais pas, je comptais me balader par ici !

-Es-tu au courant que nous sommes sous une TMA ?

-C’est quoi une TMA ?

-Bon, excuse-moi mais je dois y aller. Voici ma carte ! N’hésite pas à me contacter et à venir me trouver. Il se trouve que j’ai co-écrit un livre sur des notions en rapport à la sécurité avec un spécialiste des facteurs humains. Ce n’est pas commercial de ma part, je pense sincèrement qu’il pourrait t’aider…

Jo rentre chez lui pour manger. Quant à Max, vous l’aurez compris, il est au max et ne va donc pas s’abstenir de voler. Quant il atterrit après s’être fait un peu secouer, il décide de passer voir ce Jo qui n’habite pas si loin. Il lui explique qu’il a du temps pour regarder l’ouvrage dont il lui a parlé. Pendant qu’il tourne les pages, un congestus fait de l’ombre sur les deux comparses. Alors que le nuage gonfle, il explique avoir profité d’un gros pépin de santé pour apprendre à voler. L’assurance lui a donné du temps, et le temps lui a donné des ailes…

Ce récit est tiré d’une histoire vraie. Si il devait parvenir à l’écran du pilote concerné, je voudrais lui  présenter mes excuses d’avoir tenu à en faire un article. Il s’agit pour le jeu de mot d’un cas d’école. Et il n’est pas le seul. Plusieurs paramotoristes disséminés dans la campagne n’ayant pas le niveau  sont en danger. Comme j’en discutais dernièrement à la Coupe Icare avec les cadres de la FFPLUM il s’agit souvent de pratiques sauvages c’est à dire hors cadre légal. Il n’empêche qu’apprendre à voler met du temps. Une semaine de stage pratique, est-ce bien suffisant ? Personnellement en tant que pilote de parapente également titulaire d’une qualification paramoteur, je pense très sincèrement qu’il vaudrait mieux avoir une expérience de vol avec une aile (en montagne ou avec un treuil en plaine) avant de se charger de la gestion d’un groupe motopropulseur qui alourdit le bonhomme lors des phases d’envol et d’atterrissage et présente un risque supplémentaire en cas d’incident de vol.

Bref, se donner les moyens d’engranger des compétences fort utiles avant d’aller sillonner les airs en long, en large, en travers. De plus cela laisserait le temps aux novices de se familiariser un peu mieux avec leur nouvel environnement… 

Xavier Bévant

 

La vidéo complète

 

 

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One Comment

  1. Gabriel GALTIER

    C’est un assez bon résumé de certaines pratiques, j’ai pu moi aussi croiser des “Max”. Ceci dit en tant que parapentiste et paramotoriste instructeur il m’est arrivé de former directement des paramotoristes avec succès, de même q’on apprend l’avion sans nécessairement avoir fait du planeur. Bien sur aucune formation sérieuse n’est envisageable en une semaine ça c’est une question de bon sens!

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