Engagement

Instructeur à Saint-Auban sur Janus – 1985

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Un début d’après-midi dans les Alpes du Sud.  Les Janus (planeur biplace), décollent les uns après les autres. Instructeur planeur à Saint Auban je pars pour un vol d’environ quatres heures avec un de mes stagiaires. Les conditions ne sont pas très bonnes, mais nous voilà, avec Michel SALVETAT un autre instructeur, en train de cheminer le long du “Parcours du Combattant”, une chaine de montagnes bien connue par les pilotes de planeur. Nous ouvrons la voie aux autres collègues qui suivent derrière, mais pas de la meilleure des manières !

Arrivés péniblement au Dormillouse, impossible d’aller plus loin, la vallée de Saint Crépin ce sera pour un autre jour, nous devons dégager vers Gap. Mais parfois, les pilotes ayant un peu d’expérience connaissent le phénomène, tout s’enchaîne de travers. Impossible d’atteindre le terrain de Gap, nous nous mettons alors en local du champ d’Espinasse – répertorié pour se vacher – toujours en descente !

Si ça continue comma ça, dans trois ou quatre minutes nous serons au “tas”. Nous nous organisons, Michel et moi, pour assurer une séparation suffisante à l’atterrissage, lorsqu’en vent arrière, le long d’un petit massif, ou plutôt une colline, le vario se met à chanter timidement. La brise de vallée alimente un relief riquiqui, et nous voilà tous les deux en vol de pente, en train de faire des huit entre 200 et 300m sol, en espérant que les choses s’arrangent…

Le relief est vraiment étroit, son alimentation par la brise ténue ; nous nous maintenons en vol comme nous pouvons.  Chaque demi-tour nous éloignant de la pente, nous coûte de l’altitude que nous devons regagner péniblement lors du passage suivant. Même les croisements de nos deux Janus doivent être gérés au plus près de la pente. Parfois, notre stagiaire ne collant pas suffisamment à la pente perd de l’altitude ; nous devons reprendre les commandes.

Une heure, deux heures, trois heures…

14h30. Des trajectoires en huit sur la pente, encore et encore.

15h30. Les copains qui grenouillent pas trop loin nous charrient gentiment sur la fréquence…

16h30. Parfois, après avoir gagné 100 m nous tentons d’explorer les alentours, mais avec 100 m vous n’allez pas bien loin !

IMG_7634r17h30. L’aviation est une école d’humilité, sans doute, et de patience, c’est certain.

18h00. Philippe GIANSETTO du côté de Gap nous fait savoir que le dépannage de deux Janus (par la route : démontage…) va prendre du temps. Nous devons prendre une décision. La brise est toujours là mais les conditions aérologiques ne sont plus les mêmes, les soubresauts thermiques ont quasiment disparu.

Bingo, youpi, tralala

18h15. Michel quitte le relief pour aller se vacher, je vais suivre derrière. Perdu pour perdu il va tutoyer un autre petit relief en fin de vent arrière et là : bingo, youpi, tralala… il accroche une ondulette. Sa présence est typique d’une fin journée. Nous remontons doucement mais sûrement.

Michel arrivera à rejoindre Saint Auban, quant à moi ce sera le terrain de Sisteron.

Jean-Gabriel Charrier

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