Il y a quelques années déjà un jeune pilote arrive à l’aéroclub de Calais pour voler, bien qu’il n’est pas pris de rendez-vous. L’instructeur, comme tous les samedis est « à la foire et au moulin », mais il connait bien son élève qu’il a formé depuis la première heure, le ciel est clément, il décide donc de l’autoriser à partir en solo
Mais en bord de mer la météo change parfois rapidement, et effectivement voilà un cumulus un peu plus méchant que les autres qui s’approche du terrain. L’instructeur est en tour de piste avec un élève quand le vent de travers se renforce, la visibilité diminue au passage d’un grain. Il décide d’interrompre son vol.
Arrivée au club l’instructeur constate que le D112, qui n’est pas équipé de radio, est toujours en vol. Il pensait que Paul s’était posé avant le passage du grain qui est maintenant sur le terrain. Dans le club house il y a la mère de Paul qui attend son fils ! Elle demande où il est, l’instructeur répond, en essayant de cacher son inquiétude, qu’il doit attendre quelque part. Sur le terrain les conditions sont maintenant très mauvaises.
Les minutes sont longues pour l’instructeur, pas de radio et l’atterrissage est impossible dans ces conditions. Mais la météo s’améliore aussi vite qu’elle s’était dégradée, l’averse faiblit et le vent aussi. L’instructeur, impatient d’être en vol pour essayer de localiser le D112, motive un autre élève pour partir dès que ce sera possible, du ciel bleu se devine au NW.
Arrivé au point d’arrêt, les conditions s’améliorent franchement et l’instructeur ressent un profond soulagement quand il aperçoit son D112 en vent arrière. Le vent est toujours de travers mais moins fort et Paul le maîtrise bien, le vent de travers étant une situation normale sur ce terrain. L’instructeur retarde son envol pour observer l’atterrissage, l’arrondi est parfait.
Un peu plus tard au club-house l’instructeur demande à Paul : « Pourquoi ne t’es-tu pas posé avant le passage du nuage ? » La réponse était inattendue au vu de la très faible expérience de Paul. « J’étais en secteur ouest quand j’ai vu le congestus qui allait passer sur le terrain, pour l’éviter j’ai préféré m’éloigner et me mettre en local du terrain d’Ambleteuse (fermé depuis) et j’ai attendu que les conditions s’améliorent ici. »
Il avait tout compris.
Du point de vue de le Gestion des Menaces et des Erreurs (TEM), la conscience de la situation, la connaissance de ses capacités et la prise de décision ne sont pas forcément l’apanage des pilotes expérimentés. « Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années » Pierre corneille.
Crédit photo : Aéro-club de Pons
Bons vols
Article rédigé par Xavier Portier XPO Formation