Quand un accident aérien survient, tout un travail d’analyse est effectué pour en rechercher les causes afin d’éviter que des accidents similaires ne se reproduisent. Mais nous pouvons également regarder le bon côté des choses en nous posant la question suivante : quelles sont les qualités de ces pilotes qui ont su faire face à des situations exceptionnelles alors que tout laissait à penser qu’ils ne s’en sortiraient pas ? J’évoque dans un article précédent qui sont ces supers pilotes qui possèdent tous une qualité commune : la confiance en soi.
La confiance en soi c’est une énergie intérieure qui va fluidifier les tâches que vous êtes amené à gérer, qu’elles soient mentales ou physiques, comme votre pilotage. Débutant, si la confiance en vous n’est pas là les rouages de la machine ne vont pas tourner à la bonne vitesse et votre arrondi risque d’en pâtir. Nous abordons là un point crucial qui différencie un pilote d’un piéton; votre confiance doit s’articuler sur la perception que vous avez de vos capacités qui doit être aussi proche que possible de la réalité : pas de soucis, je maîtrise l’arrondi.
Cette facette de la confiance établie, vous connaissez par exemple vos minimas personnels, il en existe une autre qui concerne la maîtrise de vos émotions. Vous êtes peut-être un éternel optimiste, limite euphorique : “Cool mon pote, t’inquiètes ça va le faire”. Nous pouvons alors cocher deux cases suivantes : Confiance en vous = ++ et Pilote accidentogène = ++ . L’autre versant de votre comportement émotionnel, c’est le stress avec tous ces maux, et la liste est longue ! Si vous êtes d’un naturel anxieux, alors que vous percevez au loin sur votre route un Cumulus Humilis, vous y verrez un Cumulonimbus en gestation. C’est une seconde nature chez vous, vous envisagez toujours le pire. Si vous êtes une personne plutôt équilibrée, bien dans votre peau, avec une bonne estime de vous, quand le stress apparaît vous devez alors le prendre en compte comme une véritable alarme. Alors que vous préparez votre vol, vous devenez anxieux, une partie de votre cerveau vous dit : Attention, situation inconnue.
Pour résumer : vous savez objectivement que vous pourrez faire (ou pas) avec ce petit vent de travers, et vous contrôlez parfaitement vos émotions. Le troisième engrenage de la confiance en vous concerne votre énergie mentale. Une énergie qui va se nourrir de votre motivation à vouloir atteindre vos objectifs, avec tout ce que cela comporte en terme de concentration, d’implication. Le revers de la médaille c’est la fatigue mentale qui peut aspirer une bonne partie de cette énergie et donc affecter votre confiance en vous.
La relation directe entre la confiance en soi et la performance est clairement établie. Si vous êtes instructeur cela implique donc que vous devez prendre en compte ce paramètre lorsque vous formez vos élèves.Vous devez par exemple activer les bons leviers le jour où vous lâchez vos élèves : Ne t’inquiète pas (maîtrise émotionnelle), tu maîtrises parfaitement ton affaire (capacités acquises), tu mords dans le coussin comme tu as l’habitude de le faire (énergie mentale ; le mordu du coussin étant une métaphore). Mais vous devez également veiller à construire sa confiance tout au long de sa progression, en veillant notamment à ce que la perception de votre élève soit bien réglée sur son niveau réel de compétence.
Regardons le schéma ci-dessus et imaginons les évolutions de la confiance en soi d’un pilote lambda.
- L’instructeur veille donc à la construction de la confiance de Jacques, son élève. Il fait du renforcement positif mais en veillant à ne pas forcer le trait par rapport aux capacités de son élève.
- Jacques est maintenant breveté, il est vigilant, motivé, il veille bien à ne pas sauter les étapes comme le lui a conseillé son instructeur. Il prend confiance.
- Alors qu’il a environ 150 heures de vol, Jacques s’est fait une ou deux frayeurs lors de navigations un peu olé olé. Il a bien analysé ses erreurs, il maîtrise de mieux en mieux le vol, il a l’impression de passer une étape.
- Jacques à pas mal de soucis personnels, sans être à bout, il éprouve de réelles difficultés pour se concentrer dans sa vie quotidienne. Alors qu’il voulait aller se “vider un peu la tête” en allant voler, il est parti sans vérifier le carburant à bord et il est revenu se poser avec une alarme bas niveau.
[box type=”tick”]Pour conclure, regardez les pilotes expérimentés, écoutez les ou lisez leurs récits. L’excès de confiance ne fait pas partie de leur panoplie, bien au contraire, ils font tous preuve d’humilité. Il connaissent parfaitement leur niveau de compétence, et ils savent faire preuve de sang froid quand c’est nécessaire.[/box]
Source : Manuel de préparation Mentale de Christian Target, Editions Chiron 2003
Crédit photo : Daniel
Bons vols