Milieu des années 80, un début d’après-midi dans les Alpes du Sud. Les Janus (planeur biplace), décollent les uns après les autres. Instructeur planeur à Saint Auban je pars pour un vol de 3 ou 4 heures avec un de mes stagiaires. Les conditions ne sont pas très bonnes, mais nous voilà, Michel SALVETAT un autre instructeur, et moi en train de cheminer le long du “Parcours du Combattant”. Une chaine de montagnes bien connue par les pilotes de planeur. Nous ouvrons la voie aux autres collègues qui suivent derrière, mais pas de la meilleure des manières !
Arrivés péniblement au Dormillouse, force est de constater que la Vallée de Saint Crépin ce sera pour un autre jour. Nous devons dégager vers Gap. Mais parfois, les lecteurs de ce blog connaissent le phénomène, tout s’enchaîne de travers. Impossible de se mettre en local du terrain de Gap. Nous voilà en local du champ d’Espinasse, un champ répertorié pour se “vacher”, toujours en descente.
Pas moyen de remonter, dans 3 ou 4 minutes nous serons au “tas” . Nous nous organisons pour assurer une séparation suffisante à l’atterrissage, lorsqu’en vent arrière le long d’un petit massif, ou plutôt une colline, le vario se met à chanter timidement. La brise de vallée alimente un relief riquiqui, et nous voilà Michel et moi en train de faire des huit entre 200 et 300m sol, en espérant que les choses s’arrangent.
Le relief est si étroit et son alimentation par la brise si ténue, que nous ne faisons que nous maintenir en vol péniblement. Chaque demi-tour, qui nous éloigne de la pente, nous coûte de l’altitude que nous devons regagner péniblement lors du passage suivant. Même les croisements de nos deux Janus doivent être gérés au plus près de la pente.
Et c’est alors que le temps commence à devenir long…
14h30… des trajectoires en (forme de) huit sur la pente, encore et encore.
15h30, les copains qui grenouillent pas trop loin nous charrient gentiment…
16h30, parfois, en gagnant péniblement 50m on essaie de sortir de la pente pour explorer les alentours, mais avec 50m vous n’allez pas bien loin !
17h30, l’aviation est une école d’humilité, sans doute, et de patience, c’est certain.
18h00, Philippe GIANSETTO du côté de Gap nous fait savoir que le dépannage de deux Janus (par la route : démontage…) va prendre du temps. Nous devons prendre une décision. La brise est toujours là mais les conditions aérologiques ne sont plus les mêmes, les soubresauts thermiques ont disparu.
Bingo, youpi, tralala
18h15, Michel quitte le relief pour aller se vacher, et je vais suivre derrière. Perdu pour perdu il va tutoyer un autre petit relief en fin de vent arrière et là : bingo, youpi, tralala… il accroche une ondulette. Sa présence est typique d’une fin journée. Je le suis et nous remontons doucement mais sûrement.
Ouf !
Michel arrivera à rejoindre Saint Auban. Quant à moi ce sera le terrain de Sisteron.
JG Charrier