Un après-midi dans les Alpes du Sud
En début d’après-midi, les Janus – planeurs biplaces – décollent les uns après les autres depuis Saint-Auban. Instructeur planeur, je pars pour un vol d’environ quatre heures avec l’un de mes stagiaires. Les conditions ne sont pas fameuses, mais nous voilà, avec Michel Salvetat, un autre instructeur, à cheminer le long du fameux « Parcours du Combattant », une chaîne bien connue des vélivoles. Nous ouvrons la voie… mais pas vraiment de la meilleure manière.
Arrivés tant bien que mal au Dormillouse, impossible de pousser jusqu’à la vallée de Saint-Crépin. Ce sera pour une autre fois ; direction Gap. Sauf que la loi de Murphy semble s’être invitée : Gap devient inatteignable et nous voilà en local du champ d’Espinasse, terrain répertorié pour un atterrissage aux vaches… toujours en descente ! Se vacher à 14h !
Encore trois ou quatre minutes comme ça et nous serons au tapis. Michel et moi organisons la séparation pour l’atterrissage quand, en vent arrière le long d’une petite colline, le variomètre se met à chanter timidement. Une faible brise de vallée alimente ce maigre relief et nous permet de gratter, à deux, en vol de pente, entre 200 et 300 m/sol. Pas glorieux, mais suffisant pour rester, péniblement, en vol.
Chaque demi-tour loin de la pente coûte cher en altitude, qu’il faut regagner au passage suivant. Les croisements de nos deux Janus sans trop s’éloigner du relief requiert toute notre attention. Quand mon stagiaire s’éloigne trop, je dois reprendre les commandes pour regagner les quelques dizaines de mètres perdus.
Le temps passe …
On ne compte plus le nombre de huit effectués sur la pente.
15h30 – Les copains, non loin, nous chambrent sur la fréquence.
16h30 – Un petit gain d’altitude ? On tente d’explorer… mais avec 100 mètres de rab, on ne va pas loin.
17h30 – L’aviation, école d’humilité… et de patience.
18h00 – Philippe GianSetto nous annonce que dépanner deux Janus par la route prendra du temps. La brise est encore là, mais les derniers thermiques se sont évanouis. Bref, on va pas coucher là.
18h15 – Michel quitte la pente pour se vacher. Je le suis. En fin de vent arrière, il flirte avec un autre petit relief… et là : bingo ! Une ondulette typique de fin de journée lui permet de remonter doucement, je l’attrape à mon tour.
Michel rentrera à Saint-Auban. Pour ma part, je vais atteindre péniblement le terrain de Sisteron.
Jean-Gabriel Charrier