Qui n’a jamais été confronté, dans sa vie, à une situation désagréable que l’on appelle « subie » ?
Ce moment où l’on ne peut plus rien faire pour changer le cours des choses.
Il ne reste alors qu’à attendre, en espérant que cela se termine bien… parfois dans un grand moment de solitude !
Au sol, ce n’est pas dramatique : quand l’alarme « bas niveau carburant » s’allume dans votre voiture, vous savez qu’il suffit de trouver la prochaine station, ou au pire vous vous arrêterez sur le bord de la route.
En vol, c’est tout autre chose : quand cette même alarme s’allume à 2 000 pieds et qu’il vous reste encore une vingtaine de minutes pour atteindre le terrain, la notion de « marge » prend un sens très concret…
Mais commençons par une définition :
Un moment de solitude, chez un pilote, ce n’est pas celui où il ronge son frein au sol en attendant d’aller voler… c’est celui où il regrette d’être allé voler.
Ces moments où l’on voudrait être ailleurs apparaissent dans des contextes très variés.
En voici quelques exemples :
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Lors du briefing avant départ, l’examinateur, après vous avoir attentivement écouté, lâche sèchement : « Vous n’avez rien compris. »
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Vous venez de passer votre contrôle et vous savez que la Patrouille de France ne vous ouvrira pas ses portes aujourd’hui. Vous rangez vos affaires pendant que l’examinateur, muet, quitte l’avion pour rejoindre la salle de briefing.
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L’équipage roule vers la piste avec ses passagers, prêt à décoller, lorsque le départ standardisé est annoncé… impossible de trouver la bonne fiche dans la documentation.
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Vous êtes debout sur les freins, mais rien n’y fait : la piste est trop courte…
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Votre élève, parti pour sa première navigation solo, tarde vraiment à rentrer. Vous êtes inquiet… Jusqu’à ce que vous appreniez qu’il s’est tranquillement arrêté sur un terrain extérieur pour prendre un café.
La durée de ces moments est variable.
Certains sont très brefs, d’autres interminables.
Moments très brefs :
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En train de rebondir sur la piste, vous savez déjà que l’avion, à son apogée, va venir s’écraser comme une vieille crêpe sur le goudron.
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En finale sur la piste 28 en service… et une fois aligné, vous découvrez un énorme « 10 » peint à l’entrée.
Moments interminables :
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Piégé au-dessus de la couche, impossible de trouver un trou pour redescendre.
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L’alarme « bas niveau carburant » clignote depuis plusieurs minutes… et il vous reste encore un bon quart d’heure avant le terrain.
Certains moments ne sont pas totalement subis, mais la solitude est bien là.
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Les pionniers de l’aviation vivaient ces situations bien plus souvent, comme Jean Mermoz, posé en panne avec son mécano au milieu des Andes, sans secours possible.
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L’équipage de l’Air Transat 236 (A330), en panne de carburant après une avarie, a plané 20 minutes sans moteurs avant de se poser avec succès sur une île au milieu de l’Atlantique.
Et puis il y a ce vol parti de Détroit pour Francfort… qui, à la suite d’une incroyable série de hasards malheureux et d’erreurs, s’est posé à Bruxelles en croyant être à destination.
Ou encore l’éjection – la troisième ! – de Denis Turina, dont voici le récit…
Pour éviter de tomber dans le piège de la situation subie
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Anticipez tout ce qui peut l’être.
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Levez les doutes.
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Ayez toujours un plan B.
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Préservez des marges de manœuvre : elles vous permettront de faire face aux aléas et d’éviter les impasses.
Bons vols
Jean-Gabriel CHARRIER
Version mise à jour.
Mon ami Pierre B. m’a initié verbalement aux subtilités du renversement: “-Tu pars à la verticale et quand le badin est dans le coma tu bottes…”. J’ai moins de 100 heures de vol et mes camarades vélivoles parlent tous des figures qu’ils réalisent en douce pendant leurs vols solo: boucles, huit paresseux, renversements. La boucle me fait un peu peur, je sais faire les huit paresseux, alors je me dis que le renversement c’est pour moi. Me voilà proche du plafond dans mon fauconnet et je me lance. Prise de vitesse, montée à la verticale contrôlée en fixant le bout d’aile…badin comateux…heu c’est quoi comateux…alors j’attends et puis je botte avec un badin très comateux…et rien ne se passe. Du moins pendant une longue seconde, et tout d’un coup c’est parti, mais en marche arrière!!! Toute la poussière accumulée dans le planeur depuis des années remonte autour de moi et le planeur est toujours bien vertical. Et puis ça bascule enfin et je prends la poussière dans la figure. Je me récupère sors les aérofreins et retourne me poser avec les jambes qui tremblent jusqu’à ce que je sorte du planeur.
Ah la pression des copains!…
La question que tout le monde se pose, Sylvestre, est de savoir ce que vous avez fait après?
Ce moment de “solitude” vous a t il motivé à continuer le vol à voile et peut être apprendre la voltige planeur?
Ou cela, dans le pire des cas, vous a fait racrocher votre bob? (mon bob de vélivole me manque d´ailleurs! :D)
Personnellement (ayant appris le vol à voile sur ASK21), je me suis toujours limité à des huit paresseux jusqu´au jour d´avoir eu la chance de faire un stage voltige avec Daniel Serre au CNVV.
Quelle expérience et quel apprentissage de l´humilité sur ses capacités de pilotage après ca!
Bon vols en sécurité de Munich!