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Commandant de bord, l’interview

Pierre eau 2

Q : Michel Mouton, vous êtes actuellement commandant de bord, ancien navigant de l’armée de l’air et contrôleur aérien. Comment ce parcours vous a t’il conduit à vous pencher sur les facteurs humains dans le domaine aéronautique et plus précisément sur la figure du commandant de bord ?

R : Mon parcours professionnel m’a poussé au constat qu’il n’y a pas de manuel du commandant de bord. Je me suis donc pris au jeu d’en rédiger un, le résultat me paraissant d’avance intéressant.
En cherchant à le faire, il m’est apparu comme une évidence qu’aucune des sciences humaines n’était suffisante à elle seule pour expliquer cette fonction.

Q : Aujourd’hui, vous en êtes à votre deuxième opus, « Le commandant de bord, l’autorité » est complété par un second volume sur la décision. Le simple pilote peut-il se retrouver dans vos livres ?

R : Bien sûr ! En fait, expliquer la fonction du commandant de bord, va au-delà du titre qui peut alors sembler trompeur. Ce que j’explique c’est en fait que le pilote, chaque pilote depuis son premier vol solo est déjà en partie commandant de bord ou est amené à le devenir.

Q : Le fil conducteur de cette saga, car vous prévoyez plusieurs tomes à votre analyse, quel est t’il ?

R : En interrogeant les différentes sciences humaines, il était intéressant et novateur de voir, et c’est là le fil conducteur, qu’il ne suffit pas de décrire uniquement le comment, mais aussi le pourquoi dans les choses qui sont telles qu’on les observe.

La démarche naturelle, au commencement des facteurs humains est de partir d’un accident, d’y voir une erreur et d’introduire dans son analyse un jugement en cherchant à dire comment corriger l’erreur. Il faut au contraire partir du quotidien, de l’ordinaire et s’abstenir de tout jugement. La compréhension de l’erreur ne se fait pas au début, mais devient une perspective qui prend forme tout à la fin de l’analyse.

Q : S’il fallait synthétiser votre pensée, que diriez-vous ?

R : Je dirais que l’analyse facteur humain est le seul et dernier moyen d’améliorer la sécurité des vols en conservant la figure du pilote, à condition qu’elle ne soit pas une discipline. Sinon, elle est vouée à l’échec. Elle doit être une réelle analyse. « Connais-toi toi même », disait le philosophe.

9782849603222Q : L’exemple le plus probant pour illustrer tout ceci ? Ou une anecdote peut-être ?

R : Il est commun d’expliquer un comportement, en utilisant la théorie des biais. Voulant suivre le chemin inverse, j’ai fabriqué un petit scénario construit sur le modèle du biais d’ancrage. Aucun des pilotes soumis à ce scénario n’a reconnu le biais d’ancrage, aucune réponse n’est tombée dans le piège de ce biais. Le biais c’est révélé non prédictif ! Cette théorie qui date des années 70 est contredite par plus d’une centaine de théories universitaires depuis, mais cette contradiction n’a pas réussi à trouver sa juste utilité. C’est pourquoi il me semble que l’analyse facteurs-humains doit quitter la discipline vers laquelle elle tend pour s’ouvrir à la recherche et à la réflexion.

Q : Pour finir, que peut-on encore attendre de votre commandant de bord ?

R : La série le commandant de bord est comme un streap-tease ! À chaque étape, on ôte une part du mystère. Dans l’autorité, il était question de sa genèse. La décision est tournée vers le raisonnement, la suite logique sera alors tournée vers la communication où je me pencherai plus précisément sur son désir de l’autre. Tout à la fin, il sera plus nu qu’il ne l’a jamais été, si je peux parler ainsi !

Q : Michel Mouton, merci pour ce bref entretien. Vous serez prochainement au festival des étoiles et des ailes de Toulouse les 16 et 17 novembre 2013.

R : C’est exact et merci à vous pour votre invitation sur Mental Pilote.

Michel MOUTON   Le commandant de bord : La Décision

La 4ème de couverture :

– « Go around ! » Remise des gaz pour le commandant de bord ! À la fin du premier tome, « Le commandant de bord, l’autorité », notre trajectoire nous orientait naturellement vers l’étude de la décision qui est la manifestation de cette autorité. À travers ce second opus, le portrait de l’homme s’affine et s’enrichit. On découvre alors dans cette suite que la décision n’est pas un choix, mais un saut né du conflit. Cette décision est une image ayant structure de langage. Elle se forme dans le rêve et parce qu’elle est toujours un crime, elle appelle la responsabilité. Poursuivons en compagnie de notre commandant de bord, le chemin investigateur et initiatique afin de découvrir que la décision qui fait peur, parce qu’erreur potentielle, est pourtant nécessaire à la sécurité des vols.

Cet ouvrage, qui conserve l’esprit du premier tome, n’est ni un manuel ni une autobiographie, mais reste panoramique dans l’ensemble des sciences humaines, de la sociologie, en passant par la psychologie, le droit, ou encore la linguistique jusqu’à la psychanalyse. À l’image d’un voyage à escales multiples, l’auteur nous invite vers une destination de réflexion, à bord d’un style étonnant. Cette « saga » s’adresse aux navigants techniques civils et militaires ainsi qu’aux navigants commerciaux des compagnies aériennes, aux décideurs et instructeurs de ces compagnies, aux contrôleurs de la navigation aérienne, aux agents d’opération, à toux ceux qui s’intéressent à l’enseignement facteur- humain, plus généralement à tous ceux qui s’intéressent au personnage du pilote et du commandant de bord.

DSC00891Pilote de ligne, commandant de bord, instructeur et examinateur, concepteur de cours facteurs humains depuis plusieurs années pour de nombreuses compagnies aériennes, l’auteur a commencé sa carrière aéronautique comme contrôleur aérien puis comme pilote militaire. Il se passionne aujourd’hui pour l’écriture, une écriture qui lui ressemble, à la fois riche, variée, au sens profond et à la plume affûtée. Bien sur, il nous parlera de ce qu’il connaît le mieux, l’univers du pilote et du commandant de bord, il nous fera partager cela à travers des sciences diverses et d’une manière originale.

— « “Le commandant de bord”, dans chacun de ses opus, est le livre que j’aurais aimé recevoir lorsque je suis moi-même devenu commandant de bord et que j’aimerais offrir à chaque pilote qui lui aussi devient commandant de bord. » Michel MOUTON

Si vous souhaitez vous procurer ce livre, c’est ici.

Bons vols

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