AIRMANSHIP

C’est vous le chef d’orchestre

Il est une activité qui s’apparente à l’aviation lorsqu’on s’intéresse à la performance humaine : la musique. Voyons les quelques similitudes qui peuvent exister entre la pratique d’un instrument de musique et celle du pilotage.

Tout d’abord, ces deux activités exigent un certain niveau de rigueur et de précision dans l’exécution des gestes : jouer la bonne note au bon moment et avec la bonne nuance, agir sur les gouvernes quand il le faut, sans geste inutile. Pilotes et musiciens possèdent des connaissances théoriques (solfège pour les uns, certificats théoriques pour les autres), et développent un savoir-faire, une maîtrise de leur outil au travers de répétition et d’entraînement régulier. Lorsqu’un certain niveau de maîtrise est atteint, on peut parler d’un travail d’artiste, ou de virtuose. Un Paganini du pilotage.

Avant de jouer, un musicien commence par s’échauffer, par faire des gammes. Il met en éveil certains muscles (les lèvres pour les instruments à vent par exemple). De la même manière, un pilote peut démarrer une navigation par un ou deux tours de piste pour prendre en main sa machine et se conditionner pour le vol qui va suivre. Il peut aussi réaliser une séance en amphi-cabine ou même chez lui pour dérouler son vol (répétition mentale).

Piloter un aéronef peut s’apparenter à la lecture, au suivi d’une partition. Il faut toujours avoir un temps d’avance, comme par exemple savoir quelles actions vont devoir être effectuées dans le cockpit dans les trois prochaines minutes. En musique, on nous apprend à lire une partition en ayant toujours deux ou trois notes d’avance.

De même, un morceau de musique comporte souvent des changements de tempo, tout comme un vol se déroule en plusieurs phases, avec des charges de travail différentes. C’est au musicien/pilote de s’adapter, de savoir changer de rythme et d’être prêt au bon moment. Cela passe par un bon conditionnement en amont et par l’anticipation. La pratique régulière aide également à travailler ce point.

Lors de mes premiers examens de musique (un morceau à jouer devant quelques spectateurs et un jury), on m’a appris une chose essentielle : continuer à jouer après une erreur (fausse note par exemple). Même si cette erreur peut déstabiliser, il est important de rester focalisé sur la suite, de ne pas « sortir » de la partition. Je trouve ce parallèle avec le pilotage intéressant. En aviation, on retrouve la notion de « faire face » lorsqu’une situation inhabituelle est rencontrée : tâcher de conserver ses moyens et de rester concentré sur l’essentiel : le pilotage.

Pour conclure, il est bon de mentionner une différence fondamentale entre les deux activités : la part de risque. Là où une fausse note est sans conséquence (à part peut-être une carrière de musicien ou un égo légèrement égratigné), certaines erreurs de pilotage peuvent avoir des conséquences plus ennuyeuses.

Bons vols.

Alexandre

Breveté PPL,  Alexandre s’intéresse de très près aux connaissances techniques sur le pilotage, aux  facteurs humains… Il est actuellement contrôleur aérien en formation à Saint-Cyr-l’Ecole.

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