« Le stress rencontré par les pilotes privés en instruction est équivalent à celui rencontré par les pilotes de chasse ou les astronautes ».
Melton, Hoffman, and Delafield (1969).
À l’issue de la période d’instruction, lorsqu’il se retrouve seul face aux éléments, il est probable que ce niveau de stress soit aussi important, voire plus.
Le stress affecte directement la performance du pilote, parfois dans des situations mentalement très exigeantes. Certaines organisations considèrent qu’il est un facteur contributif majeur d’accidents chez les professionnels, et elles en ont fait leur cheval de bataille. En aviation de loisir, le stress est également un facteur nuisible, contribuant à la survenue de nombreux accidents et à l’arrêt prématuré de certaines carrières de pilotes.
Tous les pilotes sont confrontés au stress. Ses symptômes sont déplaisants et affectent les comportements, les ressources mentales et physiques. Cela peut aller de la simple anxiété à l’incapacité à prendre une décision en vol.
Le stress apparaît lorsqu’il existe un déséquilibre entre la perception de ses ressources et les exigences perçues (et souvent réelles) d’une situation.
Il peut se manifester sous diverses formes : anxiété, irritabilité, peur… Plus le pilote est stressé, moins il est capable de se concentrer, de raisonner, de décider. Il commet des omissions, fait des erreurs, se focalise sur des détails au détriment de la situation globale. On parle alors d’« effet tunnel » mental. Sa vigilance, sa disponibilité et son attention diminuent.
Le danger est qu’il n’existe pas de voyant rouge avertissant le pilote qu’il est sous l’influence du stress. Ses effets commencent souvent à altérer ses capacités sans qu’il en ait conscience.
Facteur aggravant : les stress « s’accumulent ». Même s’il n’en a pas conscience, un pilote emporte ses soucis personnels dans le cockpit. Ceux-ci réduisent sa résistance et augmentent la probabilité qu’un stress en vol devienne ingérable.
On distingue plusieurs sources de stress chez le pilote :
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Les stresseurs physiques : vibrations, facteurs de charge, turbulences, bruit, température. Leur impact dépend de leur intensité et de l’expérience du pilote.
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Les stresseurs psychologiques : incertitudes liées à l’accomplissement d’une mission, recherche d’information, résolution de problème, contrôle en vol, mauvaise visibilité, pression temporelle, etc.
Le stress est souvent comparé au trac de l’artiste avant de monter sur scène. Mais si la performance de l’artiste ne dépend que de lui, celle du pilote est soumise à un environnement complexe, en constante évolution. La « partition » du vol n’est jamais totalement connue.
En vol, l’apparition soudaine d’un danger critique (perçu ou réel) peut provoquer un pic de stress fulgurant. Dans la vie courante, on peut souvent différer, annuler ou contourner une situation stressante. En vol, ces portes de sortie existent mais sont beaucoup plus limitées.
En aviation, le stress est le plus souvent déclenché par des facteurs externes : météo, niveau d’exigence du vol, environnement particulier. En aviation légère, si la liberté est un atout, elle s’accompagne de nombreux aléas, parfois couplés à une faible expérience : erreur de navigation, vent de travers plus fort que prévu, visibilité réduite, équipement difficile à utiliser, etc.
Les normes visent justement à limiter ces aléas : niveau de compétence requis, règles d’exploitation, procédures. Une activité peu normée génère plus d’incertitudes, donc plus de stress.
Paradoxalement, l’absence totale de stress peut aussi être nuisible. Ressenti de manière modérée, le stress agit comme une alarme utile, signalant un danger pour lequel le pilote n’est peut-être pas assez armé. Le stress implique donc la perception des dangers, et par extension, la conscience des risques.
À titre d’illustration, lors des recrutements d’astronautes, il était demandé aux candidats s’ils pratiquaient des activités telles que la plongée sous-marine ou l’escalade. Le facteur commun recherché était une expérience d’activités à risques, génératrices de stress, permettant d’évaluer leur capacité à le gérer.
Le stress fait partie intégrante de la vie du pilote. Il ne faut pas le nier, mais au contraire l’accepter comme une information supplémentaire, un signal d’alarme dont il faut identifier l’origine pour mieux l’apprivoiser.
Bons vols.
Le stress est la réaction réflexe de notre organisme à une situation :
connue, elle n’amènera pas de forte variation de comportement car notre organisme se servira alors d’une situation identique gérée précédemment et mémorisée.
inconnue, elle amènera une multitude de variations physiologiques (cardiaque, circulatoire, respiratoire…) très rapides qui sans réponse rapide de la part de notre mental vont s’amplifier.
Le niveau de stress doit donc varier en fonction des cations en cours et sa maitrise permet un niveau de vigilance adapté et une excellente distribution des réflexes. (exemple, gestion de l’hudson).
Très bon article sur les situations de stress dans ces métiers forts en adrénaline. Je les imaginais de marbre par leur conditionnement. Bonne continuation