La préparation du vol
Avoir une bonne Conscience de la Situation (CS) cela commence dès la préparation du vol : des grains sont prévus sur la route, vous prendrez donc un peu plus de carburant. Cette préparation vous permet également d’anticiper les connaissances nécessaires à votre vol : les consignes d’aérodrome, la topographie du voyage, les espaces aériens … Ces informations sont alors mises en mémoire, ou préparées pour être rapidement disponibles (documentation), afin de ne pas se sentir démuni le moment venu.
Des démarches rationnelles
Dans certaines situations vous devez soupeser différentes options afin de prendre la bonne décision : je contourne le grain par la gauche ou par la droite ? Je poursuis ou je fais demi-tour ? Soyez rationnel et précis dans l’analyse de ces informations, afin d’avoir la meilleure CS possible, sur laquelle vous vous appuierez pour prendre vos décisions. C’est la sécurité qui doit vous guider dans vos réflexions, ne vous laissez pas submerger par vos émotions, ne prenez pas vos désirs pour des réalités, ne cédez pas à vos envies.
De la vigilance
Vous contournez le grain le long de la côte, et vous vous apercevez que l’horizon est médiocre au dessus de la mer, vous échafaudez à nouveau les différents scénarios pour prendre les décisions opportunes au cas où : il faut que je reste au dessus des terres, si un autre grain m’en empêche je le contournerai par les terres. Une bonne CS nécessite une analyse des informations de manière régulière, de la même façon que le scanning de vos paramètres moteur (c’est la vitesse de balayage de votre radar).
L’expérience
Votre Conscience de la Situation, c’est-à-dire la qualité de l’image de votre radar, sa puissance, sa précision, est proportionnelle à votre expérience. Un pilote confirmé perçoit, plus d’informations, plus tôt, et il les traite plus rapidement. Face à une situation particulière, il cherche dans sa mémoire une situation similaire déjà vécue, qui ressemble à celle qu’il rencontre, afin de s’y adapter de la meilleure manière qui soit. Le sommet de la colline qui disparaît sous les nuages ou le vent qui tourne subitement, sont des informations qui peuvent être interprétées avec plus ou moins de pertinence en fonction de l’expérience. Chaque vol est donc l’occasion d’enrichir vos pratiques pour améliorer votre CS, à condition que vous preniez le temps d’y réfléchir.
La connaissance des risques
Une bonne CS implique la connaissance des dangers liés à l’activité ainsi qu’une évaluation aussi précise que possible de vos capacités. Un vent de travers de 20 kts constituera un risque pour un pilote et pas pour un autre, voler par une situation orageuse est risqué pour tout le monde.
La dynamique du vol
Ce n’est pas toujours aisé de rester en permanence en phase avec les évolutions des nombreux paramètres qui évoluent, surtout quand les choses se précipitent, quand le stress apparaît… Alors quand la pression devient importante, et que vous sentez que votre CS diminue, raccrochez vous aux fondamentaux : faites voler votre machine, gérez votre trajectoire immédiate, et surveillez votre environnement.
Quelques conseils pour améliorer votre Conscience de la Situation
Après quelques généralités sur la façon d’améliorer votre CS, voici quelques conseils pratiques :
Utilisez toutes les sources d’information disponibles ; demandez une dernière météo au contrôleur, demandez un conseil à l’instructeur…
Evitez de vous focaliser trop longtemps sur un élément du vol qui vous perturbe, aux dépens de la surveillance des autres ; cela fait maintenant plus d’une minute que vous farfouillez votre GPS.
Vérifiez le bon déroulement de votre vol par rapport à vos prévisions ; pourquoi votre consommation carburant est-t-elle plus importante que prévue ?
Utilisez le « Et si » pour anticiper une situation qui à priori n’est pas la plus probable, mais qui malgré tout pourrait survenir ; comme un changement de piste, un autre point de sortie que celui qui vous semble le plus évident, un plafond qui serait plus bas au passage du relief qui barre votre route…
Ayez une vision globale de votre vol ; vous voyez votre point de repère à 5 nm devant c’est bien, mais le Puy de Dôme à 50 nm devant vous c’est encore mieux. Vous avez les quantités réglementaires de carburant c’est bien, mais savoir que votre moteur s’arrêtera faute de carburant dans environ 1 h c’est mieux.
En cas d’interruption dans vos tâches ou si l’une d’entre-elles doit être différée, trouvez un moyen de la mémoriser ; les associations fonctionnent bien. Interrompu pendant votre visite prévol vous gardez la C/L dans la main volontairement, la discussion terminée elle vous rappellera que votre visite n’est pas terminée, en vol contrairement à vos habitudes vous avez décidé de vous poser avec deux crans de volets, vous prévenez votre passager de vous le rappeler, vous collez un Post-it sur la commande de volet, vous vous arrangez pour avoir devant vous un rappel visuel d’une situation qui n’est pas habituelle.
Répétez à voix haute les consignes ou les paramètres importants ; en final sur une piste pas trop longue si votre vitesse recherchée est 100 km/h, dites le à voix haute, quand votre vitesse passera à 110 cela vous alertera plus facilement que si vous n’aviez rien dit.
Levez vos doutes ; un Notam pas clair dans votre esprit, un repère de navigation, trouvez les réponses à vos interrogations pour éviter que les doutes ne se transforment en problèmes.
Anticipez ce qui peut l’être : en navigation cherchez à identifier votre route le plus loin possible, écoutez la fréquence d’approche un peu avant de les contacter, préparez vos moyens radio…
Soyez rigoureux quand vous pouvez l’être ; recalez votre gyroscope avec précision; votre repère de navigation est à gauche de la route, oui mais à quelle distance ? Chassez les termes : « environ », « à peu près », « ça devrait aller »…
Identifiez les problèmes et réglez les dès que possible ; vous ne comprenez pas la consigne du contrôleur, demandez lui confirmation; vous avez un doute sur un de vos paramètres moteur, modifiez votre route pour vous rapprocher d’un terrain le temps d’analyser s’il y a un dysfonctionnement ou non…
Bien que ce soit des conseils de bon sens il faut être conscient qu’il n’est pas si facile de les appliquer en toutes circonstances. Effectuez les rapprochements entre le contenu de cette fiche et certains de vos vols.
Ce que vous devez retenir :
- La préparation du vol est un moment important pour prendre connaissance des éléments qui vous aideront à parfaire votre Conscience de la Situation.
- Soyez rationnel dans vos analyses, ne vous laisser pas submerger par vos émotions.
- C’est votre vigilance qui vous permet, de rester en phase avec la situation, de percevoir au plus tôt les changements, afin d’agir dans les meilleurs délais.
- Une bonne Conscience de la Situation s’appuie sur l’expérience qui ne correspond pas qu’à des heures de vol. Après chaque vol prenez quelques minutes pour y réfléchir.
- La connaissance des dangers permet de les éviter. Chaque activité, chaque situation possède ses singularités. Apprenez à les connaître.
- Une des principal caractéristique de l’aviation c’est un nombre important de paramètres en perpétuelle évolution. Une bonne Conscience de la Situation s’appuie sur une succession d’analyses qui prennent en compte ces évolutions.
- Il existe des conseils pratiques pour améliorer votre Conscience de la Situation, appliquez-les à chaque fois que c’est possible.
Bons vols