LE BLOG, PILOTE PRIVE

Comment améliorer facilement nos pratiques

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Si vous désirez vous améliorer voici une démarche très intéressante qui vise la réduction de nos erreurs. Nous en commettons tous une fois aux commandes de notre appareil ; elles sont plus ou moins importantes, plus ou moins nombreuses. Christophe Amiel a creusé le sujet pendant de longs mois avec le soutien de l’équipe FH de l’Université Paris Descartes avant de concrétiser sa démarche dans  un outil simple et efficace de réduction de nos erreurs. Le contenu de la littérature à propos des meilleurs pilotes est sans appel : ils possèdent tous une boucle retour à gros débit sur leurs propres pratiques qui leur permet de progresser vol après vol. C’est sans doute ce que vous faites déjà mais avec plus ou moins d’efficacité. Christophe vous propose ici de vous équiper d’un vrai booster. Mais avant de découvrir la genèse de son travail, voici ce qu’en dit Laurence.

Résumé de mon expérience « pilote d’essai »

En rapide résumé, mon aventure aérienne a débuté en 2000. Paradoxalement, mon désir n’était pas de devenir pilote, mais de savoir si je saurais tenir seule en l’air (être pilote n’étant alors que la « conséquence » de cette curiosité). Faisant le choix délibéré de laisser la philosophie du vol m’imprégner, en même temps que la découverte de l’art du pilotage, j’ai laissé le temps au temps. Mon apprentissage fut dés lors plus long que le « standard », mais la restitution durable et les acquis solides et à long terme. C’est sous la patiente houlette d’un unique instructeur (là encore un choix délibéré), que j’ai patiemment mûrie. Il se révéla un guide extraordinaire, à même d’apaiser ma soif d’apprendre et de me dispenser une formation approfondie très professionnelle (ainsi l’expertise pointue de ses conseils résonne toujours aujourd’hui !).

Ma formation fut émaillée de quelques événements indésirables (comme tout apprentissage). A ce chapitre, j’en retiendrais 2 (purs facteurs humains). Toutes deux se produisirent en vol solo.

La première peu après mon lâché, me confrontant à la gestion chaotique d’une sortie de piste (ou plutôt en gérant la crise avec la force de l’inconscience …).

La deuxième quelques semaines avant mon test, où je fis des bonds de cabri à l’issue d’un arrondie bien mal négocié (et en pleine conscience cette fois ci !). Pour m’en sortir, l’instinct de survie et les fondamentaux sont venues à ma rescousse.

Je fus considérablement ébranlée par ces expériences (constituant un rappel à l’ordre sans concession du danger de cette activité). Ces événements eurent un très profond et durable impact sur moi. Outre les conséquences qu’une belle frayeur associée à un pénible processus de réappropriation de mes sensations, mon instructeur m’apporta tout le poids de sa compréhension et de son expertise pour m’aider à y voir clair. Autant dire que ces deux cuisantes leçons m’apportèrent une évolution radicale dans ma façon d’aborder les choses, associées à un aspect philosophique du vol mâtinée de beaucoup d’humilité.

Falling on a banana skinJe garde de cette époque extraordinaire, l’amour pour toujours du vol, le principe d’honnêteté absolue derrière un poste de pilotage et le professionnalisme dont il faut nécessairement se parer, afin de se prémunir autant que possible des événements traumatiques aux larges conséquences.

Une fois brevetée, c’est donc seule que je profitais de mes acquis. Evoluant désormais sans l’expertise quasi immédiate d’un instructeur, ce n’est qu’à travers le truchement de mon propre jugement (et la réaction de mes passagers) que je pouvais identifier mes axes d’amélioration. Au fur et à mesure de mes vols, je me fiais à mon expérience, mes perceptions et à ma compréhension des événements pour débusquer les failles. Je profitais aussi de voler avec d’autres pilotes pour m’aider dans cette voie.

Les années passèrent ainsi. Jusqu’à Christophe !

J’avais appris (et entériné) depuis fort longtemps, qu’un pilote normalement constitué faisait (à peu près) 7 erreurs à l’heure de vol. Ces erreurs (n’aboutissant pas forcément à un résultat fatal), résultaient « d’imperfections humaines », que seul un ordinateur aurait pu gommer. Lucide, j’avais constaté mes imperfections et « que c’était comme ça ». J’étais donc plutôt fataliste sur ce point et sur ma propre faillibilité. Cependant, je me savais aussi d’une certaine solidité face à la pression ou le stress pouvant m’éviter de me retrouver en fâcheuse posture.

Ainsi, lorsque Christophe a lancé son appel (consistant à rechercher des « pilotes d’essais ») il a immédiatement attisé mon insatiable curiosité sur les facteurs humains (un de mes sujets de prédilection). Tester ses exercices me permettrait, pensais-je, d’améliorer mes performances et surtout d’en connaître plus sur moi …

La prise en main fut très simple. Il s’agissait de voler sans rien changer à mes habitudes, et d’aiguiser mon sens de l’observation en comptant les erreurs et les comportements erronés que je pourrais commettre. Plus tard, un compte rendu me permettait de synthétiser et d’analyser chaque vol.

La démonstration fut remarquable. Soudain, c’est comme si je partais voler avec Jiminy Criquet sur mon épaule, m’observant à la loupe et décryptant mes moindres faits et gestes. J’avais retrouvé l’expertise d’un instructeur, mais cette fois c’était un instructeur virtuel qui s’était invité dans ma bulle (moi en l’occurrence), capable d’identifier et d’analyser méthodiquement et froidement mon savoir faire. Les vols s’en sont ressentis (mes analyses devinrent plus pertinentes, les actions correctives plus rapides, les erreurs même anticipées) ainsi que mon savoir être en vol (je ne volais plus, je m’observais à voler !).

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Ce stratagème m’offrit l’accès à une dimension supérieure, celui de la distance et du recul sur soi. Le prisme qui me permettait de gérer mes actions en vol, était désormais au bénéfice de ma propre personne.

A l’issue des vols, j’avais hâte de rentrer chez moi, voulant confronter mes quelques notes griffonnées en vol, au compte rendu froid et implacable que j’avais à faire pour Christophe. Et puis, je voulais en avoir le cœur net … est-ce que la perception de mes prestations étaient en cohérence avec la réalité ?

Je me suis aperçue que, comme je m’y attendais, des erreurs j’en faisais … mais finalement pas tant que ça (entre 3 et 5 en moyenne sur une heure). Souvent les mêmes … par inattention, précipitation, manque d’analyse ou petite pointe de stress (une altitude non maintenue, un cap qui s’en va, la gestion incorrecte de la boite de mélange radio, un quiproquo dans les clairances, etc …). Cette moyenne pouvait fluctuer en fonction des moments de la journée où les vols se produisaient (je ne suis pas du matin apparemment !)

J’ai par ailleurs constaté qu’en réitérant l’expérience plusieurs fois, j’ai sensiblement amélioré ma performance et fait baisser la moyenne de ces erreurs vers 2 à 3 (voire pas du tout dans mes bons jours). Cependant, en baissant ma garde après quelques semaines, j’ai vu que ces erreurs revenais immanquablement. J’en ai donc déduis que c’est la philosophie même du vol qu’il me fallait faire évoluer … en emportant systématiquement ma Webcam virtuelle !

Depuis je ne vole plus tout à fait comme avant, puisque depuis, je me regarde faire. L’apprentissage de cette dissociation m’est  salutaire pour conserver une vue d’ensemble sur le vol. Je ne pense plus seulement à performer, mais à rendre plus juste et efficace mes actions (et donc devancer la plupart des problèmes je pense).

Par contre la perception générale de mes performances après cette expérience n’est pas très éloignée de celle que j’avais avant, j’en conclu donc que je me connais bien. Mais l’outil donné par Christophe (ce fameux « Jiminy Criquet » virtuel) et sans conteste un outil très précieux que je vous conseille à tous d’acquérir.

Laurence

Le pilote au coeur de son apprentissage

« Lorsque nous entendons parler de sécurité aérienne nous pensons immédiatement à l’aviation commerciale ayant atteint un niveau de sécurité remarquable, souvent citée comme le moyen de transport le plus sûr. Les progrès techniques et la qualité des formations ont permis de hisser à un haut niveau de sécurité l’aviation professionnelle, civile et militaire.

Mais qu’en est-il de l’aviation de loisirs ?

Image 1 ChristophePar l’intermédiaire d’amis pilotes volant en aéroclub, je m’intéresse à ce monde de bénévoles passionnés d’aéronautique, qui me semble un peu laissé à la marge du monde professionnel. Je découvre qu’en France les accidents ou incidents y sont nombreux, et que leurs nombres restent quasi constants.

Alors comment aider cette partie du monde aéronautique à améliorer son niveau de sécurité ?

Après avoir animé avec des amis des journées d’information sur les Facteurs Humains pour des aéroclubs en région parisienne, je m’aperçois que le sujet est peu connu, mais qu’une fois présenté de manière simple, le sujet passionne les pilotes.

Avec l’aide d’une amie pilote, je décide de créer et de tester une série d’exercices en Facteurs Humains abordant les thèmes importants pour cette catégorie de pilotes. Ces exercices doivent être simples, ludiques et effectués par les pilotes de manière autonome, afin de leur permettre  de réaliser un auto-apprentissage, une prise de conscience ainsi qu’une appropriation de leur propre sécurité.

En plaçant le pilote au cœur de son apprentissage, il découvre certaines notions FH de manière guidée et expérimentale.

Le point central de la démarche est de mettre le pilote dans le rôle central et de lui permettre de découvrir un thème FH et les dangers ou risques qui lui sont associés.

Chaque exercice FH est présenté dans une fiche, plutôt sur le ton de l’humour pour « dédramatiser » et pour rendre plus attractif ce qui semble être une science peu connue. Il m’a semblé important de ne pas présenter ce sujet de sécurité sous forme d’un cours magistral, mais plutôt sous la forme d’une découverte et d’une expérimentation.

Cette sensibilisation, liée à aux notions de risques en vol correspondantes, pousse le pilote à prendre conscience de son comportement et des leviers qui sont maintenant à sa disposition pour améliorer son niveau de sécurité.

Image 2 ChristopheLe recrutement de la population d’essai a commencé en juin 2012 à l’issue d’une journée d’information sur les FH à laquelle j’ai participé en tant qu’animateur dans un aérodrome de la région parisienne (Saint Cyr l’Ecole). Suite à un article écrit sur internet (site spécialisé en Facteurs Humains « MentalPilote » de Jean Gabriel Charrier) relatant cette journée et en décrivant le projet de création de ces exercices FH, un appel à volontaires est lancé. Une dizaine de pilotes se portent alors volontaires. A l’issue d’une deuxième journée d’information FH organisée sur le même aérodrome en janvier 2013, 25 pilotes supplémentaires se portent volontaires ».

Cette expérimentation, qui fut limitée dans le temps et réalisée sur un nombre modeste de pilotes, permet d’entrevoir ce que pourrait être un projet à plus grande échelle et les résultats associés.

[box type=”tick”]Si vous êtes intéressé par ce mémoire et voulez comprendre cette expérimentation plus dans le détail, vous pouvez me contacter sur exercicesfh@gmail.com, je vous le transmettrai avec plaisir ![/box]

Bons vols

Christophe Amiel

Photo de Daniel.

Bande dessinée : copyright Disney. Utilisation à titre informatif sans but lucratif – article L 122-5 3° a du Code de la Propriété Intellectuelle.

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