Alors que les conditions météo sont bonnes, le pilote effectue un « Kiss landing »* qui entraîne un atterrissage particulièrement long. Sur le terrain suivant, rebelote, l’atterrissage est à nouveau très long, notamment avec un arrondi à n’en plus finir. Je demande au pilote d’évaluer sa distance d’atterrissage : il annonce une distance bien inférieure à la réalité. Nous en discutons tranquillement après le vol en vérifiant, précisément avec les données jours, les distances d’atterrissage données par son manuel de vol. Et en effet, il s’aperçoit alors qu’il se pose très long quasi systématiquement. Et plus embêtant, il n’en avait pas conscience.
*« Kiss landing : jeu breton ».
Se poser long n’est pas un problème si l’on est conscient de ce qu’on fait (et pourquoi on le fait). Par contre, il faut savoir se poser dans l’épure du constructeur. La connaissance de ces données, sans ouvrir votre manuel de vol lorsque vous serez en finale, s’appuie sur des ordres de grandeur. Ils représentent de manière simple les grandeurs physiques des performances de votre avion sur lesquelles vous savez pouvoir vous appuyer.
En condition habituelle vous vous posez en 400 m sans vent (vous comptez les balises pour évaluer vos distances), alors que le constructeur donne 300 m ? Pas de problème si vous en êtes conscient. Avec 10 kt de vent de face, cela raccourci votre distance de 100 m ? C’est noté. Et vent arrière votre manuel vous demande de rajouter 150 m (à vos 400 m). Vous arrondissez alors cette distance à 600. Et vous voilà armé de quelques connaissances qui pourraient un jour s’avérer importante à connaître (dans le feu de l’action).
Les embêtements surviennent souvent quand tous les paramètres s’additionnent dans le mauvais sens : un peu de vent arrière, un peu haut, un peut vite. Vous pourriez être très étonné du résultat. Si cela n’a pas déjà été fait, amusez-vous à vous posez vent arrière (dans les limites de votre avion), ensuite dans la foulée, vent de face… et constatez la différence !
Les distances d’atterrissage sont la première chose à laquelle on pense, mais les ordres de grandeurs peuvent être utiles dans plein d’autres domaines. Vous les utilisez sans doute déjà pour calculer votre consommation de carburant, sans rentrer dans les abaques du constructeur, votre temps de vol, etc.
Pour aller un peu plus loin, les ordres de grandeur permettent de vérifier également la vraisemblance des éléments en conceptualisant la signification des nombres, comme leur proportionnalité. Mon GPS me donne 180 nm ? Il y a un problème, et oui, je me suis trompé de point. Il vous permet d’éviter des erreurs grossières.
Un complément logique pour compléter votre panoplie d’ordres de grandeurs, c’est le calcul mental. Il vous permet, avec des opérations simples, rapides et efficaces, d’obtenir de nombreuses valeurs, de les vérifier, ou d’affiner leurs résultats .
Bons vols
Article précédemment publié en 2010.