CULTURE DE LA SÉCURITÉ

1. La sécurité aérienne en France : une nette amélioration

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Un avant et un après l’AF 447 ?

Depuis bientôt dix ans (AF 447 en juin 2009) la France n’a plus connu de catastrophes aériennes, alors qu’auparavant les accidents se succédaient à un rythme important. Est-ce le fait du hasard ? Peu probable. De nombreuses mesures ont été prises depuis. Mais un retour en arrière sur quelques chiffres pourrait nous donner quelques informations intéressantes.

Le niveau de sécurité du transport aérien français dans un passé récent

Dans les années 2010 la France se trouvait en queue de peloton des pays européens dans le domaine de la sécurité aérienne. Selon Der Spiegel les accidents au sein de la compagnie Air France (flotte Airbus) étaient quatre fois plus nombreux que la moyenne mondiale. Nous retrouvons également ci-dessous une illustration de ces mauvais résultats dans l’Aviation Safety Review 2005 (CAA ou DGAC britanniques), avant le crash de l’AF 447 entre Rio et Paris.

Niveau de sécurité aérienne France 1

Parmi les poids lourds du transport aérien mondial, notons que leurs bons résultats sont très voisins, ce n’est donc pas un hasard. À cette époque le taux d’accident en France était environ trois fois plus élevé que les meilleurs pays européens (ci-dessous).

Niveau de sécurité aérienne France 2

La DGAC de son côté précise dans son Rapport sur la sécurité aérienne 2009 : Une analyse statistique simple des accidents mortels survenus aux transporteurs français tend, en effet, à indiquer que notre pays reste en deçà des performances d’Etats européens comparables. Elle fournit les courbes ci-dessous qui confirme les données précédentes.

DGAC Rapport 2009

En 2017, suivant le classement du niveau de sécurité JACDEC, Air France se situait en 42ème position parmi les 60 plus importantes compagnies aériennes mondiales.

AF JACDEC 2017 B

Le niveau de sécurité de l’aviation légère en France

En lisant des rapports sur la sécurité aérienne à travers le monde, on constate qu’il existe une relation étroite au sein d’un même pays entre son niveau de sécurité en transport aérien et celui de son aviation légère. Qu’en est-il en France ? À la même époque (2007) un rapport du Conseil Général des Ponts et Chaussés sur la Sécurité de l’activité “vol à moteur” de l’aviation générale nous donnait les informations suivantes (extrait) : Néanmoins, les données recueillies tant en France que dans d’autres pays permettent d’affirmer que la sécurité de l’activité avion en France ne s’améliore pas suffisamment au fil du temps : le taux de mortalité peut être évalué à 4 morts pour 100 000 heures de vol pour l’activité avion, sensiblement supérieur à celui constaté au Royaume-Uni ou aux États-Unis (2/100 000 h)…

La sécurité en France dans le monde du travail

Les règlements, les avions, les exploitations, les formations… étant les mêmes (ou quasi) à travers le monde, d’où vient cette différence ? Élargissons notre recherche et intéressons-nous à ce qui se passait au sein de nos entreprises (source Eurostat 09-2009 Enquête 2006). Si à l’époque le transport aérien ne se portait pas très bien, visiblement le monde du travail ne se portait pas bien du tout. C’était (c’est ?) quasiment un zéro pointé en matière de gestion des risques.

Accidents du Travail Eurostat

Toujours suivant Eurostat à la même époque, la France se positionnait en dernière position des 24 pays européens sur le pourcentage des travailleurs exposés à des facteurs affectant leur santé physique. Elle se situait également en dernière position sur l’information donnée aux salariés concernant les risques sur leur santé au travail.

La problématique sécuritaire de l’époque du transport aérien avait-elle des racines communes avec l’ensemble de notre société ? Continuons à creuser le sujet pour nous intéresser à nos pratiques personnelles, celles dont nous avons l’entière responsabilité.

La sécurité et nous

À la même période, en 2007, la France comptait 72 morts par million d’habitant en automobile, l’Allemagne 61, et la Grande Bretagne 48. Notons que depuis cette dizaine d’années, la sécurité routière en France n’a cessé de s’améliorer : 52 en 2015 (et dans d’autres pays également : 28 en 2015 en Grande Bretagne).

Quittons notre voiture pour rentrer chez nous ou au sein de notre cercle familial, et nous trouvons sur le site de Vivons-Prévention.com cette analyse : La France fait partie des mauvais élèves de la prévention des accidents domestiques touchant les enfants et les adolescents, selon l’étude menée par la Commission de la sécurité des consommateurs (CSC) pour le projet européen TACTICS. Avec une note globale de 31,5/60, elle se classe au 22ème rang, loin derrière la Finlande, l’Islande ou les Pays-Bas.

Dans le Figaro Santé nous lisons : La France est le mauvais élève de l’Europe en matière d’accidents domestiques pour les enfants. Les parents méconnaissent les règles de sécurité qui permettraient d’éviter 30.000 hospitalisations et 260 décès par an.

Et l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat nous dit : Par rapport aux chiffres européens comparables, on décompte 80 000 décès par an pour cause d’accidents domestiques en Europe des quinze, la France est loin d’être dans le peloton de tête en matière de préventiondes accidents de la vie courante.
 En effet, avec le sixième de la population de l’Europe desquinze, la France détient près du quart des accidents domestiques.

En conclusion, il semblerait que notre rapport aux risques soit améliorable.

Existe-t-il un lien entre toutes ces données ?

Dans son ouvrage « Manager la sécurité », Alain MARTINEZ-FORTUN écrit : « En France la sécurité est synonyme de contraintes pénales. Chez les anglo-saxons la sécurité est une éthique ». De son côté, Benjamin PELLETIER nous dit sensiblement la même chose dans cet article : … l’environnement français n’est pas favorable à une culture de la sécurité. Supprimez toute surveillance d’un organisme français et il y a fort à parier que la plupart de ses acteurs se désengageront des contraintes de sécurité – car justement elles sont restées des contraintes, et non des réflexes culturels. Or, l’incidence de la culture de la sécurité sur le niveau de sécurité est particulièrement important dans l’aérien où elle a également été quantifiée, pour retrouver à nouveau des rapports de 1 à 4.

Quelle était la vision des instances aéronautiques à l’époque ?

Les racines du mal seraient-elles toujours profondément enfouies ? Alors que le transport aérien de son côté à semble-t-il trouver des solutions.

Quelques réflexions sur ce sujet dans un prochain article.

Bons vols

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