Quatre adolescents, tous pilotes, partent faire une balade au bord de la mer à bord d’un avion PA28. Il n’y aura aucune d’acrobatie particulière ou de vol en rase motte au cours de ce vol. Certains ont fait un peu de voltige et d’autres sont pilotes de planeur, est-ce une facteur positif ou non, mais ils ne recherchent pas particulièrement des sensations fortes, ou du moins ils ne sont pas prêt à transgresser certaines règles pour en avoir. Néanmoins, cela n’empêche pas l’un d’entre eux qui est passager lors du vol retour, après que le pilote ait effectué sa check-list avant décollage et qu’il s’aligne sur la piste, de dérouler le compensateur de la commande de profondeur à plein piquer “juste pour rigoler ” ! L’histoire nous dit que tout s’est bien terminé : le pilote aux commandes était costaud et il a réagit comme il convenait.
Beaucoup de pilotes commencent leur progression alors qu’ils sont très jeunes, dès 15 ans pour certains d’entre eux. Certains seront enclins à prendre volontairement de risques, on parle alors de conduites à risques. Or voler ou faire de la planche à roulettes ce n’est pas la même chose quand la prise de risque n’est pas parfaitement maîtrisée.
Pour différentes raisons (dont les explications approfondies dépassent le cadre de ce blog et les connaissances du rédacteur) l’adolescence est un moment charnière de la vie au cours duquel la prise de risque et la recherche de nouvelles sensations accompagnent le développement de l’enfant, avec en arrière plan l’idée d’indépendance et d’autonomie. Facteur aggravant, l’ado ne sent pas très concerné par sa propre sécurité.
Il existe deux autres profils. Certains adolescents un peu trop décontractés, c’est cool l’aviation, peuvent carrément se laisser aller, ce qui peut entrainer une prise de risque par défaut : “T’inquiète pas, ça va passer”. Et n’oublions pas les ados raisonnables au sens du comportement recherché chez un pilote ; ils sont prudent, ils ne prennent pas de risques inutilement.
Cette recherche de sensations fortes est plus importante chez les garçons que chez les filles et les risques pris par les garçons seraient plus physiques comparativement aux filles qui privilégieraient plutôt des sensations d’ordre relationnelles, comme une « aventure » amoureuse.
Il existe différents moyens d’atteindre ces sensations, comme le défi qui est une prise de risque associée à un groupe, ou bien la pratique des sports extrêmes, voire les deux à la fois ! Cela peut devenir une véritable addiction.
Dans cette recherche de frisson, avec parfois des comportements transgressifs, les protections de l’adolescent face au danger qu’il va volontairement tutoyer sont fragiles. Comme nous l’avons vu il a une tendance naturelle à sous estimer le danger, et faiblement expérimenté la perception et la compréhension des dangers est en pleine construction.
Une bonne nouvelle quand même
Les jeunes pilotes sont donc confrontés à des chamboulements personnels importants pendant cette période d’adolescence, dont il résulte un débordement d’énergie leur permettant de se structurer et faisant partie d’un processus, qui comprend entre autre la recherche de leurs limites. Et si vous êtes instructeur vous participez à ce processus de maturation en leur montrant quelles sont ces limites dans le cadre de leur activité. Et ce n’est pas le moins important, ils vous acceptent dans leur communauté, vous êtes leur instructeur, et peut-être même leur idole (!) ; bref, vous faites partie des adulent qu’ils respectent. Là où les conseils de prudence des parents voyant leur enfant partir voler auront une portée très limitée, vos messages seront écoutés.
Note : l’autre bonne nouvelle soulignée précédemment, c’est que les jeunes filles sont peu concernées par la prise de risque physique comme peuvent l’être les garçons. Elles sont naturellement plus prudentes (un comportement qui explique sans doute pourquoi elles ont moins d’accidents graves en automobile que les garçons)
Méfiance
Pour terminer voici une petite synthèse de la « cartographie des risques » spécifique chez un jeune pilote :
Faible conscience des risques d’une manière générale.
Faible conscience des risques de l’activité par manque d’expérience.
Une fragilité plus marquée chez certains vis-à-vis du risque avec des conduites à risques pour rechercher des sensations.
L’effet de groupe (avec ou sans défis) qui est un catalyseur des comportements à risques.
En effectuant une corrélation entre cette cartographie et l’événement relaté en introduction, nous pouvons retenir pratiquement tous ces facteurs.
Conseils
Attention quand des jeunes partent voler ensemble, que les passagers soient pilotes ou non. Certains d’entre-eux devront être surveillés comme le lait sur le feu.
Bons vols
Références : cet article s’appuie sur l’ouvrage de Pascal HUCHET Psychologue et docteur en psychanalyse : Adolescence et Risques.
Crédits photos : le Piper et le Delta : Daniel bandeau et oiseau Istock .
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il suffit de comprendre que le vol est une érection, laquelle est une convoitise du père et de son autorité, c’est à dire sa capacité à agir en contradiction avec la loi de la mère. voilà pourquoi les comportements décrits ici concerne essentiellement des garçons. mais les filles pilotes sont dans la même recherche parce que cette image du père est tout aussi présente et que la recherche phallique est la même. le lâché est l’accès à la convoitise dans la reproduction du meurtre originel du père, lequel en aéronautique est son père en aéronautique, son instructeur. cela passe par une phase d’expérimentation de ce que offre cette convoitise. ceci signifie que l’adolescence renforce cette propension mais qu’elle se rencontre chez tout nouveau pilote quelque soit son age.
plus d’infos dans “le commandant de bord, l’autorité” édition do bentzinger
Je cite Pierre Buser : « Freud a été quelqu’un de fantastiquement astucieux, un physiologiste de formation qui a échafaudé un système explicatif que l’on ne peut pas rayer d’un trait de plume même si, à mon goût, son erreur est d’avoir “hypersexualisé” l’inconscient. »
Je n’y connais rien, mais il semblerait que les neurosciences remettent en question ses théories (et pas que les neurosciences !).
curiosité épistémologique que de vouloir traiter de l’adolescence, période troublée sexuellement, sur la base d’un article écrit par un psychanalyste, pour au final rejeter la psychanalyse pour excès de sexualité.
ce qui est certain, c’est que ni la psychologie ni la psychanalyse ne sont des sciences pour ne pas respecter les critères de Popper. ce ne sont que des conjectures en attente de la conjecture meilleure.
mais notre propos est le facteur-humain dans le but de la sécurité des vols. or, cet humain que nous recherchons ne peut être trouvé dans la seule psychologie. il faut une recherche complexe au sens de Morin, qui passe par l’ensemble des sciences humaines. pour expliquer et pourquoi pas prédire, c’est à dire dire le pourquoi et non le seul comment dans une tautologie stérile, il faut mobiliser l’ensemble de ces sciences. seule la sociologie peut expliquer le social, et un aéro-club est une société au même titre qu’une compagnie aérienne ou un escadron des forces. il ne faut pas non plus négliger la philosophie qui a précédé notre recherche sur le chemin de l’homme depuis toujours. droit, linguistique, sémiologie cyndinyque, complètent ce corpus.
pour revenir à cette anecdote, comment expliquer le plaisir d’une mise en danger sur la seule base de la psychologie ou de neuro-sciences.
le point essentiel, au-delà du fait que ce sont des adolescents, est qu’ils sont tous pilotes. si on décrit l’autorité sur la base du paradigme hégellien, ils sont maitres. dans la fougue de leur jeunesse, cette maitrise est à la fois une égalité et une compétition. c’est une autorité aristocratique. cette compétition conduit au défi, à la joute, comme les chevaliers du moyen age, pour savoir qui est le maitre. c’est le sens du défi du passager envers le pilote en fonction: peut-il soutenir le défi? est-il le maitre? le fait qu’ils aient connu ou pratiqué des exutoires n’est d’aucune utilité pour la compréhension du défi.
la prise de risque n’est liée qu’à la proximité dans un même avion de plusieurs pilotes en compétition symbolique pour l’autorité. cela peut donc arriver à des pilotes qui ne seraient pas des adolescents. il suffit que l’autorité soit peu marquée. pour éviter cela, il est de la responsabilité de l’instructeur en tant que figure paternelle de transmettre une éthique du vol qui explique cela et en montre le caractère vain.