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Discipline aéronautique : chose du passé ou de l’avenir ?

Lorsque j’ai suivi ma formation de pilote militaire, la discipline aéronautique était traitée sur un pied d’égalité avec les règlements. On nous enseignait comment devenir de meilleurs aviateurs et ne jamais prendre de raccourcis. Nous étions considérés comme des « professionnels ». Un dictionnaire définit le « professionnel » comme étant « une personne de métier, spécialiste (opposé à amateur) ».

Un « professionnel » peut-il automatiquement être un expert en discipline aéronautique? Ou la discipline aéronautique est-elle une compétence acquise après des années d’expérience? Pour répondre à ces questions, nous devons en comprendre les principes fondamentaux.

La discipline aéronautique devrait être envisagée dans son ensemble. Elle comprend la discipline, les aptitudes, la compétence, la connaissance de soi, la connaissance de son aéronef, la connaissance de l’environnement ainsi que des risques associés au vol. Elle comprend aussi la conscience de la situation et un jugement sûr.

Les trois principes fondamentaux en sont : l’aptitude, la compétence et la discipline. Quand les trois sont appliqués en même temps, la personne devient un pilote plus sûr et plus efficace.

Les aptitudes se présentent selon quatre niveaux (Tony Kern) :

Niveau 1 : la sécurité (suffisante pour voler à l’abri du danger);

Niveau 2 : l’efficacité (être capable d’évoluer dans un contexte particulier et de façon à pouvoir se débrouiller tout seul);

Niveau 3 : l’efficience (réaliser un objectif avec le minimum de moyens engagés possibles);

Niveau 4 : la précision et l’amélioration permanente.

Le pilote moyen de l’aviation générale atteindra probablement le niveau deux. Ce n’est que grâce à une formation supplémentaire qu’il pourra passer au niveau trois.

La compétence est beaucoup plus facile à acquérir. Au départ, plus on vole régulièrement, plus la capacité de le faire est grande. Une piètre compétence est un facteur de risque aussi élevé qu’une faible expérience. Il ne faut pas hésiter à faire appel aux services d’un instructeur après une longue période passée sans voler.

Vous pouvez être sûr qu’une heure de vol de recyclage vous fera beaucoup de bien et réduira sensiblement les risques.

Généralement, la plupart d’entre nous vole à l’occasion, lorsque les conditions météo sont propices. La compétence personnelle étant un sujet tellement propre à chacun, il est difficile de généraliser, que ce soit du point de vue de la réglementation ou des résultats des études, de façon à ce que tous s’y retrouvent.

La discipline en vol est le fondement de la discipline aéronautique. Une bonne discipline aéronautique n’admet pas les écarts délibérés aux règlements et aux procédures, ou au bon sens. L’infraction à la discipline en vol constitue un facteur essentiel de nombreux accidents dus aux facteurs humains. La discipline aéronautique implique aussi une maximalisation de la conscience de la situation, afin d’être prêt à répondre aux événements inattendus. Une structure solide de discipline aéronautique mène naturellement à un jugement sûr et à une meilleure prise de décisions.

En tant que pilotes, nous devons être prêts à faire face à toute situation. N’oublions pas que voler comporte des risques, et que nous devons constamment réduire et gérer ces risques à un niveau minimal acceptable. Le remède à cette flambée d’accidents et d’incidents dus à des erreurs humaines, nous l’avons au bout des doigts : c’est l’auto amélioration, nous (en tant qu’aviateurs) pouvons agir sur l’évolution de la culture en aviation. Pensons et agissons tous en pilotes « professionnels » chaque fois que nous nous préparons à prendre les commandes!

Bons vols, Christophe Brunelière

Crédits photos : photo de bandeau Daniel. Photo de planeur CNVV.

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