Dans mon aéro-club deux passionnés d’aéronautique venaient régulièrement avec leur nouvelle machine qu’ils avaient eux même construit, c’était un des premiers Cricri. Connaissant bien les membres du club auquel ils appartenaient, ils proposaient à certains d’entre eux de voler sur leur machine. Les pilotes privés étaient bien entendu triés sur le volet et tout se passait bien. De temps en temps, c’était le tour de professionnels. Je me souviens avoir assisté aux briefings de Jacques Billy et Jean Lou Chrétien, alors tous deux pilotes d’essai. Je me suis aperçu que les briefings à l’attention des pilotes professionnels duraient plus longtemps, voir beaucoup plus longtemps que ceux des pilotes privés, bien qu’ils soient plus expérimentés. Le briefing pour les lâcher était toujours effectué par le « Père Laurent » ou son fils Robert, et quand ils avaient un pro devant eux, ils ne décidaient pas d’en faire une version longue ! Alors d’où venait la différence ? Elle est très simple, elle se résume en deux mots : « Et si … ? » Et si un moteur s’arrête, et si je dois remettre les gaz … Les pros posaient beaucoup de questions. Bien entendu, il y avait également des « Pourquoi ? ». Autant de questions supplémentaires qu’on ne retrouvait pas ou en moins grand nombre chez les privés. Nous allons nous arrêter dans cet article au : « Et si … ? »
Le « Et si … ? » c’est chercher à percevoir des situations qui ne sont pas pas forcément évidentes à percevoir au premier abord, mais dont la probabilité d’apparition n’est pas négligeable ; en sachant qu’elles pourraient entrainer des conséquences auxquelles il serait bon que vous soyez préparé.
Le « Et si … » pendant la préparation de votre vol va vous aider à rechercher l’info supplémentaire sur un terrain le long de votre route, ou prendre un peu plus de carburant. Le « Et si … » ne nécessite pas forcément d’informations supplémentaires, il peut tout simplement vous aider à vous préparer mentalement à affronter une situation particulière plus ou moins délicate. Lorsque vous partez en sachant qu’il existe une probabilité que vous rencontriez du mauvais, l’anticipation du « Et si … je me dérouterais vers … » va faciliter votre prise de décision le moment venu.
Les problèmes, les événements de sécurité sont souvent la résultante d’une multitude de choses plus ou moins importantes qui se sont combinées dans le mauvais sens ce jour là. Ces combinaisons sont plus ou moins compliquées. Le « Et si… » peut vous permettre de percevoir ou de prévoir ces combinaisons malheureuses pour vous y préparer ou les éviter. Vous effectuez une navigation avec le carburant réglementaire plus quelques litres : Et si le vent de face est un peu plus fort que prévu ? Les exemples d’impondérables (qui souvent n’en sont pas ! ), peuvent être nombreux et vous en avez peut-être en tête certains d’entre eux avec un : « Si j’avais su » !
Un professionnel est une personne expérimentée qui possède de nombreuses ressources. Il cherche en permanence à percevoir la situation, à l’anticiper. Il recherche des combinaisons d’aléas susceptibles de générer des situations hasardeuses, ou comment les choses pourraient mal tourner. Ce n’est pas une déformation professionnelle, et le professionnel n’est pas plus anxieux que les autres, c’est tout simplement dans une activité comme l’aviation un élément clé du professionnalisme : anticiper tout ce qui peut l’être, même l’improbable. « Et si » vous ne possédez pas une qualification professionnelle, vous pouvez toutefois agir avec professionnalisme.
Bons vols
je me souvient de mon premier vol en CriCri des Laurents à Rennes avec une panne d’un moteur en finale.
comme on disait à l’époque avec le cricri tu ne te pose pas au milieu de la piste mais au milieu de la bande blanche !
heureusement en ce temps la on était entrainé aux approches moteur coupé (45° en étape de base) et pas aux longues finales sur le plan ILS.
Il y a lieu aussi de s’alarmer des savoirs qui se perdent (glissade, opposition de fuselage, PTU glissée)
sous pretexe que les planeurse et avions modernes ne supportent pas (ce qui est faux mon ASH glisse très bien tous comme mes anciens cirrus phoebus ventus et ASW22).
ça m’a sauvé la journée plus d’une paire de fois (panne de moteur en D112, blocage d’AF en cirrus et en Bij).
c’est meme indispensable aux vaches avec des planeurs dépourvus d’AF comme le fauconnet