L’année dernière j’accompagnais un camarade pilote sur le trajet retour de Montélimar à Gap. La météo annonçait des cunimbs sur la région et, avant de décoller, mon camarade a téléphoné à son épouse, à Veynes, sur le trajet et à 30 km de Gap. Elle lui dit qu’un gros orage est au dessus de la ville et qu’il pleut très fort. Comme tout parait correct à Montélimar et vers l’est, nous décollons en sachant que les terrains du sud de la vallée de la Durance sont dégagés. Le pilote vole régulièrement au club et il me fait confiance car il me connaît bien, et il sait que je suis nettement plus expérimenté que lui.
Le début du vol se déroule normalement. Au fur et à mesure que nous volons vers l’est, les nuages et les éclairs deviennent de plus en plus impressionnants au point que mon camarade veut faire demi-tour. Pour lui, l’anxiété – la pression ?- est devenue intolérable alors que pour moi il ne s’agit que de trouver un passage sans avoir à prendre le moindre risque.
Je le rassure et je lui propose de prendre les commandes s’il se sent trop stressé. Il tient à garder les commandes mais se “contente” de maintenir la ligne de vol dans les turbulences.Comme je ne le sens plus suffisamment “devant l’avion” pour définir sa trajectoire, je le guide à la voix : à gauche parce que… ailes horizontales. à droite parce que… Jusqu’au moment où il nous faut envisager de descendre pour ne pas rentrer dans la couche. Nous quittons les 7500 pieds auxquels nous volions et mon camarade me demande jusqu’où il doit descendre. Je lui réponds de descendre au moins jusqu’à ce que nous retrouvions la vue de la prochaine ligne de crêtes. “Mais si on n’est plus à un bon niveau de vol ” m’a-t-il demandé ? C’était vraiment un souci de plus pour lui…
Le sud étant toujours dégagé nous continuons donc vers l’est, là où le relief commence à devenir plus sérieux. En arrivant sur la Durance, nous voyons un gros orage sur la ville de Gap, et les crêtes sont accrochées. Je suggère de faire une approche rapide et directe face au nord sur Tallard, où plus personne ne vole bien sûr. Mon camarade, très concentré, tient à garder les commandes. Je surveille la pluie qui arrive par le nord, le badin et, comme la trajectoire me paraît bien plate, les arbres proches du bout de piste. En courte finale je trouve que nous allons bien vite, et en passant les balises j’ai un doute sur le badin qui indique 130 km/h. La remise de gaz est possible.
Ce n’est qu’après avoir touché long et dégagé en bout de piste alors qu’en 03 nous dégageons habituellement et facilement à la bretelle, que je regarde la biroute. Elle est horizontale, face au nord. Nous nous sommes posés avec au moins 15 kt de vent arrière et je n’y avais pas pensé. Bing, un coup sur les doigts.
Le temps de rentrer l’avion sans prendre le temps de faire les pleins, l’orage est sur Tallard. Au chaud dans le hangar, le bruit de la pluie nous oblige à crier pour nous parler. Debriefing intéressant autour d’une boisson chaude !
Denis
Note : Si vous voulez découvrir d’autres récits de Denis (beaucoup plus mouvementés !), c’est ici.
Bons vols