Wahou ! Le Père Noël vous a déposé une inscription au club du coin pour passer un brevet de pilote. Vous allez bientôt effectuer vos premières leçons de pilotage et soudain… des interrogations se bousculent dans votre tête. Vous vous souvenez alors de votre réflexion quand vous avez pris l’avion de ligne en jetant un coup d’œil dans le poste de pilotage : « Comment font-ils pour s’occuper de tous ces instruments alors que je n’arrive même pas à utiliser les trois boutons de mon lecteur DVD ? ». Et pendant ce meeting aérien, alors qu’un pilote effectuait des loopings devant vous, vous entendiez Bernard Chabbert le commentateur : « Mesdames et messieurs, ce n’est pas Dieu qui vole devant vous, c’est son instructeur* ». Tout ça vous laisse perplexe ? Examinons comment cela va se passer. Il n’y a rien de bien compliqué.
* Un philosophe a posé cette question à ses élèves : “Mais à quelle vitesse Dieu vole-t-il”. Perplexité dans l’amphi… Et bien si Dieu a bien écouté son instructeur (ci-dessus, Jean Marie SAGET), il a sans doute entamé sa boucle à environ trois fois sa vitesse de décrochage (n’hésitez pas à contacter Mentalpilote si vous avez des questions de ce genre ;-)).
Le pilotage, c’est comme le vélo.
On va vous apprendre à maîtriser votre appareil, c’est la partie manuelle du pilotage. Ce qui peut paraître surprenant c’est d’évoluer dans les trois dimensions avec une machine dont vous ignorez complètement les réactions. Au début vous devrez réfléchir de quel côté et comment agir sur vos commandes pour piloter votre trajectoire. Comme le débutant en conduite automobile qui réfléchit pour passer ses vitesses lors de ses premières leçons, et qui ne peut faire que ça. Très rapidement, il va le faire de manière automatique tout en gérant la trajectoire de sa voiture de plus en plus précisément. Ce sont les mêmes principes d’apprentissage que vous allez mettre en œuvre avec l’acquisition de routines, d’automatismes, qui vous amèneront à piloter de manière naturelle.
A la deuxième ou troisième leçon, vous maîtriserez déjà votre appareil durant la plus grande partie de votre vol. Un peu plus tard vous ne réfléchirez plus de quelle manière vous devez positionner vos commandes pour piloter vos trajectoires. Vous maîtriserez parfaitement ces automatismes le jour où vous partirez tout seul.
Si vous savez faire du vélo, conduire une automobile, il y a toutes les chances que vous soyez capable de piloter. L’appareil que vous allez découvrir a été conçu pour être piloté “sans habiletés particulières”.
Les cadrans ! On pilote en regardant dehors.
Là encore il faut voir les choses simplement. Au cours du vol vous ne les regarderez que quelques secondes pour certains, ou quelques minutes pour d’autres, pas plus. La plupart donnent des indications qui ne nécessitent aucune interprétation autre qu’une simple lecture : l’aiguille est sur 100, vous volez à 100 km/h. Vous avez des cadrans qui concernent votre avion : moteur, carburant … des cadrans pour naviguer : des boussoles plus ou moins évoluées et en général des boutons pour communiquer : la radio. En plus des cadrans, il y a quelques tirettes ou interrupteurs pour : ouvrir le carburant, démarrer le moteur … La plupart d’entre eux fonctionnent en ON/OFF, donc pas compliqué. Il y un GPS ? Rassurez-vous, vous le découvrirez au fur et à mesure. Vous développerez aussi ce qu’on appelle un circuit visuel, une routine de déplacement des yeux adaptée à chaque phase du vol.
Votre instructeur va vous faire découvrir pas à pas tous les systèmes de votre appareil. Au début de votre progression vous n’utiliserez que quelques instruments et pour des systèmes plus évolués s’ils existent, les fonctionnalités les plus simples.
L’environnement de votre machine.
Rapidement vous allez donc maîtriser le pilotage de votre appareil et de ses systèmes (cadrans, boutons, tirettes). Reste maintenant à se déplacer dans l’environnement aérien avec les nuages, les autres avions, la tour de contrôle… Vous verrez qu’en fait tout est organisé, calibré, pour que les pilotes puissent maîtriser sans risques particuliers cet environnement. Cela se traduit par le suivi de règles que tout le monde adopte et qui servent à standardiser les pratiques, fluidifier les choses. Autour de votre aérodrome vous allez découvrir que vous utiliserez toujours les mêmes canevas pour décoller, atterrir, communiquer.
L’idéal dans votre progression serait d’aborder tout à la fois le pilotage et l’environnement. C’est ce qui se fait plus ou moins naturellement. L’essentiel de votre apprentissage lors de vos premiers vols sera cependant centré sur le pilotage de votre machine, votre instructeur vous fera prendre en compte l’environnement progressivement, un peu plus à chaque vol.
Vos outils
En aéronautique nous aimons structurer, organiser nos actions. Quand c’est possible, nous les regroupons et nous leur donnons le nom de procédure ; c’est à dire une suite d’actions particulières que l’on fait dans un ordre précis et qui permet d’effectuer une tâche donnée de la meilleure manière qui soit. Il existe par exemple des actions précises à effectuer séquentiellement, pour démarrer votre moteur. C’est une procédure qui sera alors définie par le constructeur. Ce sont toujours les mêmes, vous allez donc rapidement les maîtriser. Il existe des procédures pour gérer votre avion mais également pour naviguer, communiquer …
Repérez les, apprenez les, trouvez leurs logiques, cela vous facilitera grandement la tâche une fois en vol. La plupart d’entre elles deviendront des routines. Les vérifications se font avec des check-lists.
Un peu de rigueur
Quand vous tombez en panne d’essence avec votre voiture vous vous arrêtez au bord de la route. En aéronautique si vous n’avez pas vérifié votre carburant, cela risque d’être beaucoup plus délicat. Les vérifications importantes sont en général couvertes par des procédures (ou consignes) et vérifiées par des check-lists.
La quatrième dimension
Après l’acquisition des habiletés pour piloter votre machine et des connaissances pour utiliser ses systèmes et gérer votre environnement, il faut maintenant aborder une dimension qui est sans doute la plus importante. Vous devez effectuer toutes ces tâches dans le bon ordre et à des moments précis, imposés pour la plus grande partie par votre environnement, c’est à dire en temps réel. Cela nécessite une bonne organisation, de la pratique, et de la rigueur.
La gestion du temps que vous développerez nécessitera que vous ayez déjà une bonne conscience de la situation globale dans laquelle vous êtes ; pour cela il suffit de réfléchir un peu et de vous projeter en avant de votre machine, c’est à dire anticiper. Vous devrez veiller à avoir un temps d’avance sur les événements, ou être “devant l’avion”.
Votre instructeur
Vous pouvez pendant votre progression avoir un instructeur attitré (ou plusieurs, ce n’est pas choquant). Avant de voler il vous décrira le contenu du vol que vous allez effectuer. Cela s’appelle un briefing. En vol il vous fera une démonstration de ce qu’il attend de vous avant de vous passer les commandes. Il calibrera son niveau d’exigence en fonction de vos capacités. A l’issue du vol ils vous débriefera et remplira votre livret de progression. Votre instructeur a la particularité d’être motivé pour ce qu’il fait, ce qui est plutôt plaisant. Il est donc disponible et à l’écoute de vos attentes, de vos questions. De temps en temps, il vous parlera alors que vous vous battrez avec votre pilotage. Ce n’est pas grave si vous ne comprenez pas tout ce qu’il vous dit : il répétera, il a l’habitude. Après le vol, vous pourrez lui poser lui toutes les questions que vous voulez, en ayant en tête qu’il n’y a pas de question c… en aéronautique.
Ce que vous devez retenir
Vous aborderez votre apprentissage étape par étape, très progressivement.
Votre instructeur s’adaptera à vous, à votre vitesse de progression et non pas le contraire.
Vos premières leçons seront consacrées à la maîtrise de votre machine.
Ecoutez attentivement votre instructeur qui vous guidera dans votre progression.
Prenez le temps après chaque vol d’instruction de revivre celui-ci pour l’analyser en détail.
Notez vos débriefings dans un cahier et relisez le régulièrement.
Bons vols
merci pour tous ces détails sur le pilotage