BONNES PRATIQUES

” Bidons pleins, cœur léger “

Voici deux scénarios pour une même situation.

À gauche, en vert, le pilote prend tôt la bonne décision, garde ses marges et contrôle le déroulement des événements : ça se termine bien.
À droite, en rouge, le pilote repousse la décision, subit la situation et se retrouve avec de moins en moins d’options : ça finit moins bien…

Cette comparaison illustre qu’en vol, ce n’est pas seulement la météo ou la panne qui font la différence, mais le comportement du pilote.
Anticiper, se poser les bonnes questions au bon moment, et accepter de modifier le plan initial sont des choix simples qui évitent que les ennuis ne s’enchaînent.schema-infogra-petrol

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Une panne d’essence en voiture est contrariante, mais gérable.
En avion, c’est une autre histoire : l’issue se joue en minutes et sans station-service au coin de la rue.
Ici, le problème est d’attitude : pilote invincible ? surconfiant ? ou simplement trop peu expérimenté pour percevoir les risques réels ?
Comportement clé : rester humble face aux marges de sécurité et toujours considérer le carburant comme une ressource vitale, pas comme un luxe.

2. Le choix d’attendre
Ce pilote décide d’attendre. C’est une mesure conservatoire : on appuie sur le bouton « Pause » sans compromettre la suite du vol.
Comportement clé : accepter de ralentir l’action pour observer et réévaluer, plutôt que de foncer vers l’inconnu.

3. L’infime différence
En aviation, la frontière entre une situation normale et une situation périlleuse peut être aussi fine que l’épaisseur de l’aiguille d’une jauge carburant ou la trajectoire d’un grain météo imprévisible.
Comportement clé : reconnaître les signes précoces d’évolution défavorable et agir avant que la marge ne disparaisse.

4. Connaître ses limites
Avant de décider, analysez objectivement la situation.
Si vous admettez que vous n’êtes pas un bon nageur, restez là où vous avez pied. En vol, c’est pareil : ne vous engagez pas dans une manœuvre ou une attente qui vous éloigne de vos marges de sécurité.
Comportement clé : l’auto-évaluation honnête est un outil de survie, pas une faiblesse.

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5. Le principal challenge du pilote
Rester à l’intérieur de ses limites de compétence est essentiel. La pression — météo, temps, attentes des passagers, contraintes extérieures — agit souvent de façon insidieuse pour pousser à franchir ces limites.
Comportement clé : identifier ces pressions dès qu’elles apparaissent et s’en protéger activement.

6. Les impondérables en vol à vue
Ils peuvent être nombreux : météo changeante, trafic, fatigue… et parfois se cumuler, comme ici, mauvais temps + faible carburant.
Comportement clé : anticiper que plusieurs problèmes peuvent survenir en même temps, et prévoir des marges pour absorber ces chocs combinés.

7. Tutoyer les marges de sécurité
C’est voler sans filet. Au moindre imprévu, il ne reste plus de place pour réagir.
Comportement clé : conserver un « coussin » opérationnel, même si cela signifie allonger la route ou changer le plan.

8. Décider tôt
En prenant la bonne décision sans attendre, le pilote garde toutes ses marges de manœuvre et choisit sa solution, au lieu de la subir.
Comportement clé : déclencher l’action au premier signe que la situation se dégrade, pas au dernier moment.

9. Le jugement biaisé
Fatigue, stress, surconfiance, ou volonté de « terminer coûte que coûte »… autant de facteurs qui altèrent le discernement. Insister n’est alors plus rationnel.
Comportement clé : reconnaître les signaux internes d’un jugement altéré et s’appuyer sur des règles préétablies pour décider.

10. Passer du normal à l’urgence
Un pilote doit pouvoir basculer en quelques secondes d’une situation paisible à une situation critique. Ce temps de réaction est vital.
Comportement clé : s’entraîner à déclencher rapidement les procédures d’urgence, même dans un contexte calme.

11. Pas de fatalité en aviation
Chaque situation offre plusieurs issues : ayez toujours un plan B (et même un plan C).
Comportement clé : identifier ces options avant d’en avoir besoin.

12. De la connaissance à la compétence
Savoir est une chose, savoir appliquer en est une autre. Une connaissance devient une compétence dès qu’elle influence concrètement vos décisions en vol.
Comportement clé : transformer les acquis théoriques en réflexes opérationnels par l’entraînement et la mise en situation.

Bons vols

Jean-Gabriel CHARRIER

Version mise à jour.

Merci à Daniel pour ses photos.

 

One Comment

  1. GIRARD Roland

    Se souvenir qu’en France lorsqu’on est en vol on a en permanence un terrain situé à quinze ou vingt minutes de vol , ouverts à la Cap , restreints , privés , même désafectés .
    Jeune instructeur je me suis retrouvé pris en panne totale radio avec une dégradation météo à la clef dans les zones militaires de Colmar et Bâle Mulhouse , mon vol s’est terminé sur une ancienne piste militaire neutralisée Après dépannage radio quelques jours plus tard nous avons eu sans problème l’autorisation de redécoller
    Se souvenir de deux dictons :
    Le seul moment ou il y a trop d’essence dans un avion c’est quant il prend feu .
    Un demi tour vaut mieux qu’un aller simple .
    Bon vols .

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