Il existe une chose très simple pour améliorer vos pratiques, c’est un petit carnet ! Lorsque j’ai débuté, par le vol à voile, j’avais pris l’habitude de noter tous mes vols sur un petit carnet. J’y inscrivais en quelques mots la situation météo, et ensuite une petite analyse de mes vols. Il me permettait en le remplissant de revivre mon vol avec ses situations particulières et de prendre ainsi le recul nécessaire à une compréhension plus fine de celui-ci. Une relecture régulière me faisait également découvrir des petits défauts récurrents : comme trop d’impatience, ou prendre des décisions en fonction de ce que je souhaitais voir arriver, et non en fonction d’une réalité qui me disait autre chose. Ce retour d’expérience personnel m’a permis de progresser plus rapidement, notamment dans le domaine sportif. Mais le bénéfice apporté par cette prise de distance n’est pas spécifique au pilote de planeur.
Dans les écoles de pilotage, la plupart des stagiaires possèdent un cahier de débriefing. Beaucoup de choses y sont consignées : comme de simple connaissance, ou des aspects organisationnels à bord, etc. Quand votre instructeur évoque un manque de précision dans votre navigation, vous notez ses remarques, et tranquillement plus tard vous relisez vos notes et vous prenez le temps d’y réfléchir en les complétant avec votre analyse personnelle. L’activité de pilotage c’est une combinaison de beaucoup de choses qui se télescopent. L’origine d’un écart n’est pas forcément le résultat d’une simple erreur ou d’une imprécision. Il faut peut-être remonter plus loin : charge de travail, incompréhension, contexte particulier … Et c’est vous qui êtes le mieux placé pour analyser la véritable origine de vos écarts.
Une fois breveté ou lâché, vous devez progresser en l’absence de votre instructeur. Il vous faisait un diagnostic et vous repartiez avec votre ordonnance pour le vol suivant avec les points à améliorer. C’est à vous de continuer ce processus d‘amélioration.
Les pilotes professionnels qui intègrent une compagnie ou changent d’avion possèdent souvent ce petit carnet. Il accompagne ensuite fréquemment des pilotes alors qu’ils sont en exploitation. Avec l’expérience, son contenu évolue vers des connaissances de plus en plus détaillées.
L’importance de son contenu et sa structure peu prendre différentes formes en fonction de votre activité, votre motivation, votre expérience. Vous pouvez organiser votre débriefing en vous inspirant de ces quelques questions : pourquoi, comment, et si… ? Pourquoi m’a-t-on imposé ce cheminement ? La pourquoi permet en y répondant de percevoir le sens des choses. Vous les retiendrez plus facilement. Comment activer telle fonction de votre GPS ? Le comment est dans l’action, il correspond à une action ou une suite d’actions précises, beaucoup sont organisées en procédures. Et si… le vente de face avait été un peu plus fort ? Vous envisagez des scénarios à partir du contexte que vous venez de vivre, pour pouvoir y faire face le jour où ils se concrétiseront.
Il existe une entrée plus personnelle, qui consiste à analyser votre comportement, comme par exemple votre niveau de stress, si vous y avez été confronté. Son origine vous donnera des éléments de réponse sur l’amélioration de vos pratiques en vous posant la question suivante : « Qu’aurait-il fallu que je fasse pour l’éviter ou le réduire ? ». Une préparation du vol plus détaillée, un peu plus de carburant, un départ repoussé, une décision anticipée … ? Idem, pour la pression : “Ma décision de partir était-elle bien raisonnable ?”. Vous ne vouliez pas repousser votre départ, et vous vous êtes retrouvé en vol dans une situation délicate.
Une autre approche est possible. Votre vol était-il parfait ? Si c’est oui, félicitations. Si c’est toujours oui, attention : danger… ! Et si c’est non : pourquoi n’était-il pas parfait ?
Quand j’ai commencé à remplir mon carnet, pilote de planeur, le jeu était de se poser le dernier quand la soirée approchait. J’observais la tactique des autres planeurs qui étaient plus haut ou qui se posaient après moi. L’expérience des autres est également très constructive.
Bons vols
Ne devrions nous pas appliquer les temps d’échanges à chaud et à froid en compagnies aériennes qui agissent comme ton carnet tout à fait indispensable ?La mémorisation des situations est effectivement bien meilleure si un écrit ou même un dialogue avec le reste des personnes présentes se passe.
Alors comment expliquer que très peu d’équipages prennent le temps de débriefer tout vol avant de rejoindre l’hotel ?
Si un problème a eu lieu, il peut ainsi être expliqué par l’acteur en cause (meilleure gestion des incompréhensions).
Et si le vol s’est parfaitement bien passé, l’émotion de recevoir un compliment pour toute l’équipe n’a pas de prix dans la qualité des actions futures.
Bonjour.
N’oublions pas, pour les planeurs, la Netcoupe. Si on veut bien s’astreindre à noter tous ses vols, on peut les revoir sur des logiciels dédiés (p.ex. : IGC Flight Replay, qui est gratuit) et sans doute mesurer ses progrès. Mais je retiens le carnet, simple ; (qui peut aussi être sous la forme d’un carnet de vol sur tableur, lequel permet de faire les annotations que l’on veut.)
Amitiés vélivoles
bonjour,
excellente réflexion sur la tenue d’un carnet … en plus cela peut recouvrir plusieurs méthodes.
Pour ma part, je tiens un carnet (excell) que je relis et sur lequel je fais de tonnes de stats dans tous les sens (en hiver quand ça vol moins en parapente)
mais j’ai complété ce carnet (technique) par un blog perso sur lequel je peux retranscrire les humeurs, les éléments de prises de décision etc … tout en faisant partager http://www.schoepp.fr